Algérie : soutiens pour la libération de Merzoug Touati, un blogueur emprisonné et en gréve de la faim


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Merzoug Touati
Merzoug Touati

Pour Human Rights Watch, les autorités algériennes doivent libérer immédiatement Merzoug Touati, un blogueur qui a entamé une grève de la faim le 8 juillet 2018 afin de protester contre sa peine de sept ans de prison prononcée par le tribunal de Béjaïa pour « intelligence avec une puissance étrangère ». Des accusations pour lesquelles il n’aurait jamais dû être poursuivi, a déclaré Human Rights Watch hier.

Condamné a 10 ans de prison, peine réduite à 7 ans par la cour d’appel Merzoug Touati a été reconnu coupable d’incitation, pour avoir appelé à manifester contre une nouvelle loi de finances, et d’« intelligence avec une puissance étrangère en vue de nuire à l’Algérie », un crime passible de vingt ans de prison en Algérie, pour avoir publié une interview d’un porte-parole du gouvernement israélien rapporte HRW. Touati est emprisonné depuis le 22 janvier 2017 à la prison d’Oued Ghir à Béjaïa.

« Sept ans de prison infligés à un journaliste citoyen, en se fondant sur le simple fait qu’il s’est exprimé et a rapporté des faits de façon pacifique, cela remet en cause de façon accablante la situation de la liberté d’expression en Algérie », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Dans une publication du 2 janvier 2017 postée sur son blog intitulé Al Hogra, qui depuis a été fermé, Touati déclarait que les citoyens de Béjaïa, où il habite, devraient protester contre une nouvelle loi de finances entrée en vigueur le 1er janvier de la même année et imposant de nombreuses augmentations de taxes.

Puis, le 8 janvier, il avait mis en ligne sur Youtube l’interview qu’il avait réalisée avec un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, qui niait toute implication d’Israël dans le printemps arabe ou dans les mouvements de protestation sociale en Algérie, et affirmait qu’Israël avait eu une représentation diplomatique dans le pays jusqu’en 2006. L’interview était digne d’attention médiatique du fait que quelques jours plus tôt, Abdelmajid Tebboune, à l’époque ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, avait déclaré que derrière les manifestations contre la loi de finances, se trouvait « la main de l’étranger », à travers des sites web et profils Facebook, y compris d’Israël.

Les autorités ont arrêté Touati le 18 janvier 2017. Un procureur du tribunal de première instance de Béjaïa l’a inculpé d’« incitation à prendre les armes contre l’autorité de l’État », « provocation à un attroupement non armé », « intelligences avec une puissance étrangère en vue de nuire à l’Algérie » et « incitation à des rassemblements et sit-in dans l’espace public ». La cour d’appel l’a reconnu coupable des deux dernières accusations.

Salah Dabouz, l’avocat de Touati, a déclaré à Human Rights Watch que la dernière fois qu’il avait rendu visite à son client, ce dernier avait perdu beaucoup de poids et semblait affaibli. « Il m’a dit qu’il voulait protester contre un procès qu’il estime politique et contre un jugement qu’il estime injuste », a déclaré Dabouz.

Au cours des deux dernières années, les autorités ont poursuivi plusieurs blogueurs et journalistes, accusés entre autres de diffamation, d’insulte envers le président ou d’autres faits en lien avec leurs écrits et publications sur les médias sociaux. Le 6 juin, la cour d’appel de Relizane a confirmé une peine de prison de deux ans contre Abdullah Benaoum, un blogueur et militant actif sur les médias sociaux, pour ses écrits critiquant la politique de « réconciliation nationale » du président Abdelaziz Bouteflika, qui a instauré une immunité généralisée pour les personnes responsables de graves violations des droits humains au cours de la guerre civile des années 1990 en Algérie.

Mohamed Tamalt, un journaliste, est mort en prison le 11 décembre 2016 des suites de sa grève de la faim visant à protester contre sa condamnation à deux ans de prison pour des articles et des publications critiquant ou insultant le président Bouteflika.

L’Algérie est partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui garantit la liberté d’expression dans son article 19. Elle est depuis longtemps la cible de critiques, de la part du Comité des droits de l’homme des Nations Unies et d’autres organes et experts des droits humains, pour ses violations de la liberté d’expression en dépit des protections prévues par la constitution de 2016.

« Touati ne devrait pas être en prison – et ne doit surtout pas mourir en prison parce que ses droits ont été bafoués », a conclu Sarah Leah Whitson. « L’Algérie devrait le libérer immédiatement et tenir sa promesse de respecter la liberté d’expression. »

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