Le président algérien Abdelaziz Bouteflika réagit au scandale de la corruption touchant la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach.
(De notre correspondant)
Les scandales de la société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, qui éclatent à un moment crucial de la vie du pays, soulèvent « la révolte et la réprobation » du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a décidé de sortir de sa réserve.
Ne pas pouvoir « passer sous silence » pareille situation, comme il a tenu à le déclarer, renseigne amplement sur le fond de la crise qui sévit dans ce poumon économique qui demeure une vache à traire par excellence pour les gestionnaires véreux. Largement relayée par les médias locaux et internationaux, cette affaire qui éclabousse beaucoup de personnalités, connues sur la scène politique, s’étend à d’autres pays et prend une dimension internationale. Des enquêtes sont ouvertes en Italie et au Canada, ce qui peut faire tomber beaucoup de masques à tous les niveaux.
L’expression publique du chef de l’état est donc rendue nécessaire par l’actualité et ce, au moment où le pays prend la direction du précipice à défaut de pouvoir se construire sur de bases solides. La corruption à la Sonatrach implique des personnalités ayant paru défendre crânement les intérêts du pays en signant des contrats avec les géants pétroliers mondiaux non sans en obtenir des bribes qui se chiffrent à plusieurs millions d’euros.
Un cas majeure qui a éclaté suite à l’ouverture d’une enquête par le parquet de Milan sur le compte du patron de l’entreprise italienne ENI, Paolo Scaroni, soupçonné d’y être partie prenante. Y est cité aussi le neveu de Mohamed Bejaoui, ancien ministre algérien des Affaires étrangères, ce qui « soulève » la « révolte » et « réprobation » du premier magistrat du pays.
Le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi a également décidé de s’attarder sur cette affaire qui salit davantage l’image de l’Algérie sur la scène internationale et les organisations de lutte contre la corruption. Il a annoncé à cette occasion que des mesures nécessaires concernant cette affaire seront prises une fois le travail de la justice terminé.
La firme canadienne SNC Lavalin fortement présente en Algérie, est également impliquée dans cette scabreuse affaire qui fait couler beaucoup d’encre. Le rebondissement de ce scandale au Canada compliquera davantage la tâche des personnes s’y étant impliquées puisque la rigueur dans le traitement de pareilles affaires est toujours de mise au regard de l’indépendance dont jouit complètement le secteur de la Justice.
En Algérie, les autres sociétés publiques ne dérogent pas à la règle. La corruption et la gabegie constituent le lot quotidien des scandales qui ne sont jamais élucidés puisque l’omerta les entoure. Cette dernière décennie, le pays a engrangé des bénéfices immenses au regard de l’augmentation des prix de l’énergie fossile sur les marchés internationaux. Mais cela ne suffit pas au pays pour sortir de son inertie médiévale puisque il dépend grandement de l’importation alors que la production nationale est patraque.
C’est dire que le malheur de l’Algérie est causé par sa richesse et ses réserves qui se chiffrent à des centaines de milliards de dollars.