Le transfert du président algérien Abdelaziz Bouteflika, mardi, de l’hôpital du Val-de-Grâce à l’hôpital militaire des Invalides pour y poursuivre sa convalescence alimente les discussions en Algérie. Ni la presse ni la population ne croit au retour imminent de son chef d’Etat.
(De notre correspondant)
La rue algérienne craint le pire. Le transfert du chef d’Etat algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis le 27 avril à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, vers l’hôpital militaire des Invalides, donne des frissons au citoyen lambda : « On nous dit qu’il est transféré dans un autre établissement aux Invalides pour y poursuivre sa convalescence sans nous préciser dans quel état. Finalement même les médias français sont avares en communication. L’inquiétude quant aux conséquences qui en peuvent découler monte crescendo », nous fait remarquer un étudiant en journalisme, à Tamda, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Depuis l’évacuation du président algérien en France, suite à un mini accident vasculaire cérébral (AVC), tous les responsables qui ont eu à s’exprimer sur son état de santé ont failli. De Bejaia où il était en visite de travail, fin avril, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait parlé d’un « petit malaise » et son retour au pays ne devait pas dépasser une semaine. Le changement de ton, du « pas du tout grave » au « strict repos » ne laisse pas indifférent le plus crédule des Algériens. La presse locale en fait aussi l’écho. Des interrogations sur le manque de transparence, pour ne pas dire l’omerta, vont bon train. Cette règle imposée, probablement, par la conjoncture sécuritaire donne de la matière à spéculer pour l’opposition qui parle déjà de transition à moins d’une année de la date fatidique de l’élection présidentielle de 2014. Ce qui est loin d’être du gout des pro-Bouteflika qui décochent des flèches assassines à l’endroit de ceux qui réclament l’application de l’article 88 de la Constitution. La maladie et l’évolution de l’état de santé du président occupe aussi les devants de la scène et la Une de tous les journaux du pays. Comme le mentionne le quotidien Le soir d’Algérie qui y accorde une grande importance.
La presse algérienne s’interroge
« En début de soirée d’hier mardi, c’est l’AFP qui prenait le relais », écrit le journal en s’arc-boutant sur les affirmations du ministère français de la Défense et les médias de l’Hexagone. Le même quotidien illustre son analyse par un communiqué, mentionnant que « le 27 avril dernier, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne démocratique et populaire, a été hospitalisé à sa demande à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris. M.Bouteflika quitte aujourd’hui le Val-de-Grâce pour rejoindre un autre établissement afin d’y poursuivre sa convalescence ». Le journal El Watan en fait également un événement. « Admis à l’hôpital du Val-de-Grâce depuis plus de trois semaines après son transfert d’Alger pour des soins intensifs, Abdelaziz Bouteflika a quitté mardi cet établissement parisien. Des médias français ont indiqué que le président algérien avait été transféré à l’Institution nationale des Invalides (INI) spécialisée dans la réadaptation fonctionnelle et les séjours médicalisés et de convalescence », mentionne le quotidien qui se réfère aux sources françaises. « Il (Bouteflika NDLR) serait transféré à l’Institution nationale des Invalides. Cet établissement est une structure médicale de pointe spécialisée dans la prise en charge des blessés de guerre et du grand handicap.
Le quotidien Le jour d’Algérie cite quant à lui le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, selon lequel la maladie du président, « ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir ». « Je voudrais rassurer nos concitoyens sur l’état de santé de Monsieur le président de la République. Après avoir subi des examens médicaux à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, le président de la République, dont le pronostic vital n’a jamais été engagé et qui voit son état de santé s’améliorer de jour en jour, est tenu, sur recommandation de ses médecins, d’observer un strict repos en vue d’un total rétablissement ».
Le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a joint, mardi, sa voix à celles qui prêchent le retour imminent du chef d’Etat aux affaires. Il affirme que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, « se porte bien ». Des déclarations qui ne semblent convaincre personne puisque la rue ne croit qu’à ce qui peut se vérifier sur le terrain. « Moins d’une semaine après l’évacuation du président Bouteflika en France pour des soins à la suite d’un mini AVC, les sources très au fait du dossier ont parlé de son retour imminent. Et finalement ce ne sont que des paroles en l’air et la réalité peut être tout autre », confie à Afrik.com un journaliste qui requiert l’anonymat.