Ramtane Lamamra n’est plus ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger. Il a été écarté, jeudi, de ce poste qu’il occupait depuis le 7 juillet 2021. A-t-il été démis par le Président Abdelmadjid Tebboune pour la mauvaise gestion de la chose diplomatique ?
C’est un vieux routier qui vient d’être écarté par le chef de l’Etat algérien. Ramtane Lamamra est, en effet, ex-ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger. Ce poste, il l’a aussi occupé sous le règne du défunt Président algérien, Abdelaziz Bouteflika (de 2013 à 2017). Ce jeudi 16 mars 2023, il a été emporté lors d’un large remaniement ministériel effectué par le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Un limogeage qui en soulève bien des questions sur les agissements de l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères.
S’il est réputé très bon diplomate, la gestion de la diplomatie algérienne par Ramtane Lamamra est très discutable. Outre les tensions et les multiples invectives envers le voisin marocain, l’ancien chef de la diplomatie algérienne pourrait se voir reprocher l’approche quant aux relations entre Alger et l’Europe, principalement la France. Des relations souvent tendues avec l’ancienne puissance coloniale. En atteste le rappel récent de l’Ambassadeur algérien en France, Saïd Moussi, en lien avec l’affaire Amira Bouraoui, militante des droits de l’Homme et journaliste franco-algérienne.
Alger refuse de délivrer des laissez-passer consulaires
Dernier acte hostile envers la France et l’Europe, la décision prise, début mars, par l’Algérie, de ne plus délivrer de laissez-passer consulaires. Ces documents indispensables pour permettre le retour dans leur pays des ressortissants algériens expulsés de France. Une décision prise en réaction de l’exfiltration par les services français d’Amira Bouraoui. Celle-ci est très critique à l’égard du régime du Président Abdelmadjid Tebboune. Il n’y a pas que la France sur qui Alger, sous la diplomatie Lamamra, a exercé une forte pression diplomatique. L’Espagne aussi a fait les frais des Affaires étranges du désormais ex-chef de la diplomatie algérienne.
On se rappelle, début mai 2022, que l’Algérie avait annoncé la suspension du « Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé avec l’Espagne ». Une décision prise en guise de représailles à l’annonce faite par le gouvernement de Pedro Sanchez de soutenir le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental. D’ailleurs, la décision des autorités algériennes avait fait réagir l’Union Européenne. Surtout qu’il était question de sanctions algériennes sur le gaz, au moment où la Russie exerçait la même menace sur l’Europe.
Quand Lamamra défend les intérêts de la Chine
Lamamra avait surtout attiré l’attention lors du Forum de Dakar (29-30 novembre 2021). « La coopération entre la Chine et l’Afrique a connu un développement rapide et palpable dans de nombreux domaines », avait lancé le diplomate algérien. « Il ne fait aucun doute que le Forum de coopération Chine-Afrique a un rôle important dans le monde post-Corona, non seulement dans le financement de projets d’investissement, mais aussi concernant l’accompagnement et l’expérience de la Chine dont ont besoin les pays africains pour réaliser cet agenda de développement », avait insisté Ramtane Lamamra.
Lamamra ne s’était pas arrêté là. Il avait dit espérer que « la déclaration sur la lutte contre les changements climatiques, que nous adopterons à l’issue de nos travaux, contribue à l’encadrement de la coopération avec la Chine pour développer les capacités institutionnelles et humaines des pays africains, dans tous les domaines, de manière à nous permettre de mieux maîtriser les répercussions du changement climatique et d’assurer un développement respectant l’environnement ». Des déclarations plutôt étranges, intervenues au moment où l’Europe s’active à contrer la percée chinoise sur le continent.