De nouveaux heurts ont éclaté mercredi soir à Ghardaïa, à 600 km au sud d’Alger, entre près de 400 personnes issues des communautés arabes et berbères.
De violents affrontements ont éclaté mercredi soir dans la région de Ghardaïa, à 600 km au sud d’Alger, entre près de 400 personnes issues des communautés chaâmbas (Arabes) et mozabites (Berbères). Ces nouvelles violences éclatent après un mois de calme précaire.
« Les affrontements ont lieu en ce moment entre près de 400 personnes », a déclaré à la presse Ahmed Baba Aissa qui du comité de coordination créé en décembre pour tenter de calmer la situation. Depuis décembre, Ghardaïa est le théâtre de heurts entre ces deux communautés. Au total, quatre Mozabites ont été tués et plus de 200 personnes blessées.
Par ailleurs, l’exode des Mozabites de la région de Ghardaïa a débuté en janvier dernier, lorsque 200 familles du quartier Hadj Messaoud ont quitté leurs maisons, selon Baba Aissa. « Ils ont demandé l’aide des autorités locales pour assurer leur protection afin qu’ils puissent retourner chez eux, mais ils n’ont eu aucune réponse et à Hadj Messaoud (quartier majoritairement arabe) ». D’après lui, les chaâmbas expliquent aux Mozabites d’ « oublier leurs maisons ».
La police inerte ?
A Ksar Melika, une zone peuplée majoritairement par les Mozabites, les Arabes auraient incendié ce mercredi soir trois maisons. Selon un notable de la communauté chaâmbas, Fodhil Dehan, et Baba Aissa, quatre autres quartiers ont été touchés par les heurts. Ces derniers ont fait été de nombreux blessés, dont 16 collégiens blessés à la sortie d’un collège.
La communauté mozabite accuse les forces de l’ordre de prendre partie en faveur des Châambas et de ne pas la protéger des violences commises à son égard. Elle estime par ailleurs que la situation actuelle est la « conséquence des retombées d’une politique qui a été menée dans cette région depuis l’indépendance ».
Un conflit interconfessionnel ?
Les Mozabites, très autonomes vis-à-vis de l’Etat, ont été taxés de « bourgeois réactionnaires » par le FLN après l’indépendance, selon un intellectuel mozabite. Le taux de chômage des Mozabites est faible, voire inexistant, contrairement à la situation de nombreux jeunes châambas. La communauté mozabite est très bien organisée. Elle gère ses affaires sur la base d’une solidarité communautaire et économique. Le niveau de vie des Mozabites serait l’une des sources de discorde avec les châambas.
D’autres parlent de violences interconfessionnelles entre Ibadites et Malékites. La plupart des Mozabites sont Ibadites, un courant de l’islam que l’on retrouve tout particulièrement dans le sultanat d’Oman. Fondé près de cinquante ans après la mort du prophète de l’islam, l’Ibadisme prône une pratique puritaine de l’islam. Les ibadites sont réputés pacifistes, d’où le qualificatif de « pacifique » attribué à la communauté mozabite. Les Arabes de Ghardaïa sont issus de la tradition Malékite, l’une des quatre écoles de jurisprudence sunnites.
Les Mozabites espère compter sur le soutien de l’Etat et sa garantie d’une protection impartiale.