Une dizaine de jours après les attaques du gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune contre les oligarques et Ali Haddad, le puissant président du Forum des Chefs d’Entreprises (FCE), Saïd Bouteflika, frère et conseiller du Président, a multiplié les gestes d’amitié envers Haddad lors de l’enterrement de l’ex-chef du gouvernement Redha Malek. Cette alliance est-elle le signe d’une nouvelle guerre des clans en Algérie qui opposerait le Président Abdelaziz Bouteflika et ses proches à son frère qui cherche des soutiens pour l’élection présidentielle de 2019 ?
Alors que Ali Haddaddevait être reçu reçu au Palais du gouvernement par le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune, dans le cadre d’une rencontre entre le gouvernement, l’UGTA et le patronat il est apparu aux côtés de Saïd Bouteflika qui a montré de façon visible des signes d’ouverture et d’amitié à son égard, allant jusqu’à le raccompagner dans sa voiture.
Faut-il y voir comme le rapporte TSA une humiliation pour le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune et de conclure que ce 30 juillet restera sans doute comme le jour où Saïd Bouteflika a enterré l’ambition – le rêve ?- d’Abdelamdjid Tebboune de séparer l’argent et le pouvoir. Cette proximité affichée ostensiblement par Saïd Bouteflika envers Haddad vient symboliquement s’opposer à Tebboune qui justement voulait éviter de s’afficher avec Haddad.
Mais sur les réseaux sociaux, « le peuple avec Tebboune » est une expression qui court de plus en plus et si le Premier Ministre s’est engagé dans ce combat, on peut imaginer que c’était avec le soutien du président Abdelaziz Bouteflika et de son premier cercle.
Va-t-on alors assister à un combat entre les clans des deux frères, avec en perspectives l’élection présidentielle de 2019 ?
La réaction d’Abdelamdjid Tebboune dans les jours à venir sera déterminante, avec un risque fort que l’opposition politique ne se transforme en conflit plus violent : « Ne leurrez pas le peuple M. Tebboune en reculant, car ce sera la révolte que vous récolterez. » Cette mise en garde de Soufiane Djilali, président du parti Jil Jadid ne doit pas être dédaignée par Saïd Bouteflika, car outre le peuple algérien qui n’acceptera pas un nouveau recul, il faut aussi compter sur les pressions pouvant venir de l’étranger. Il faut rappeler que la décision de Tebboune d’engager un conflit avec les oligarque vient aussi des plaintes de plus en plus nombreuses que plusieurs pays ont fait remonter en raison du manque d’investissement, au sens propre comme au figuré, d’un certains nombre de patrons algériens dans des grands projets internationaux (Lire Algérie : Bouteflika et son gouvernement reprennent la main sur les oligarques).
Enfin, Saïd Bouteflika ne doit pas oublier que son image n’est pas bonne auprès de la population et que son statut de frère du Président ne lui donne pas une aura particulière. Sa récente expulsion d’une manifestation contre Ennaha TV aux cris de « dictateur » devrait l’inciter à la prudence.