Algérie-Nigeria : Le nouvel empire énergétique qui redessine l’avenir de l’Afrique


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Rapprochement Algérie Nigeria
Rapprochement Algérie Nigeria

Alors que l’Occident cherche à diversifier ses sources d’énergie, deux mastodontes africains unissent leurs forces pour redéfinir l’équilibre du pouvoir sur l’échiquier énergétique mondial. L’Algérie et le Nigeria, détenteurs des plus importantes réserves d’hydrocarbures d’Afrique, tissent une alliance stratégique qui promet de révolutionner non seulement leurs économies respectives, mais également l’autonomie énergétique de tout un continent. Des sables du Sahara aux côtes du golfe de Guinée, un nouveau corridor énergétique se dessine, porteur d’ambitions géopolitiques qui dépassent largement les simples échanges commerciaux.

L’Algérie et le Nigeria, deux géants africains des hydrocarbures, poursuivent leur rapprochement pour consolider leur influence sur le marché énergétique du continent. Entre le projet du gazoduc transsaharien (TSGP), qui ambitionne de renforcer la connectivité énergétique entre l’Afrique et l’Europe, et la récente coopération entre Sonatrach et la raffinerie Dangote, les deux pays s’affirment comme les piliers d’un avenir énergétique africain intégré et durable.

Complémentarité des ressources: Une alliance naturelle

L’Algérie et le Nigeria détiennent les plus grandes réserves d’hydrocarbures du continent. L’Algérie, premier exportateur de gaz naturel en Afrique, fournit une partie significative de l’Europe en énergie, tandis que le Nigeria, riche en pétrole, cherche à diversifier ses débouchés et à optimiser son secteur de raffinage. Cette convergence d’intérêts pousse les deux pays à multiplier les initiatives communes pour renforcer leur autonomie énergétique et leur position sur le marché mondial.

Le TSGP: Un projet visionnaire à l’échelle continentale

Le gazoduc transsaharien (TSGP), reliant le Nigeria à l’Algérie via le Niger, représente l’épine dorsale de la coopération entre ces deux nations. Ce pipeline de plus de 4 000 kilomètres vise à transporter du gaz nigérian vers l’Algérie pour ensuite être exporté vers l’Europe.

Lors du Sommet international de l’énergie du Nigéria (NIES 2025) en février, Mohamed Hamel, secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), a qualifié le TSGP de modèle de coopération énergétique transfrontalière. Il a insisté sur la nécessité d’investir davantage dans les infrastructures énergétiques africaines, alors que la demande mondiale de gaz naturel devrait croître de 32 % d’ici 2050.

Cette ambition avait été amorcée par la rencontre, le 11 février 2025, entre le président algérien Abdelmadjid Tebboune et les ministres de l’Énergie du Nigeria et du Niger, confirmant une volonté politique forte de faire du TSGP une infrastructure clé pour l’Afrique.

Sonatrach et Dangote: Une alliance commerciale prometteuse

Un autre développement majeur est l’accord conclu entre Sonatrach et la raffinerie Dangote, la plus grande d’Afrique, située au Nigeria. Pour la première fois, cette raffinerie a acheté une cargaison d’un million de barils de Sahara Blend, le brut phare de l’Algérie, avec une livraison prévue entre la mi-mars et le 20 mars 2025.

Cet achat s’inscrit dans une stratégie de diversification des sources d’approvisionnement de Dangote, qui traitait jusqu’ici principalement du pétrole nigérian. Avec une capacité de 650 000 barils par jour, la raffinerie ambitionne de devenir un acteur central du raffinage africain et pourrait renforcer ses relations commerciales avec l’Algérie à long terme.

Ce repositionnement du pétrole algérien intervient dans un contexte de reconfiguration du marché énergétique mondial. En février 2025, le Sahara Blend a enregistré une baisse de prix d’un dollar par baril, le rendant plus compétitif. Désormais vendu avec une décote de 20 cents par rapport au Brent de la mer du Nord, ce brut devient une alternative attractive pour d’autres raffineries africaines.

Au-delà des hydrocarbures: Une vision intégrée de développement

L’axe Algérie-Nigeria ne se limite pas aux hydrocarbures. Cette coopération énergétique s’inscrit dans une vision plus large de l’intégration économique et diplomatique africaine. L’Algérie cherche à diversifier ses exportations face à une baisse de la demande européenne, tandis que le Nigeria veut sécuriser des alternatives à ses débouchés traditionnels.

Ces évolutions confirment que le leadership énergétique africain ne repose plus uniquement sur les exportations vers l’Europe ou les États-Unis, mais sur une consolidation des échanges intra-africains.

L’Algérie et le Nigeria, à travers des projets comme le TSGP et des accords commerciaux comme celui signé avec Dangote, s’imposent comme les moteurs d’une nouvelle dynamique énergétique en Afrique.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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