Le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, a indiqué que son pays ne renoncera jamais au dossier de la mémoire. Évoquant la période coloniale, le dirigeant a écarté tout marchandage avec un quelconque pays.
L’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse a été saisie par le Président algérien pour accorder un entretien. Lequel a été diffusé samedi soir à la télévision algérienne. Dans son exposé, Abdelmadjid Tebboune est longuement revenu sur la question de la mémoire, l’histoire coloniale. D’emblée, le chef de l’Etat algérien a été catégorique. « Je ne renoncerai jamais à la mémoire et aucun marchandage n’est possible avec aucun pays ».
Le Président de ce pays nord-africain répondait ainsi à une question en lien avec sa prochaine visite d’État en France, en juin. Il a donné des assurances que sur le dossier, l’Algérie avance « pas à pas » avec la France. Rappelant la création d’une commission mixte d’historiens entre les deux pays pour traiter cette question mémorielle, Tebboune précise : « ils savent pertinemment qu’il s’agit d’une question à laquelle nous ne renoncerons jamais ».
70 ans de guerre, 5,63 millions de martyrs
Et de confier : « nous étions presque en confrontation, mais aujourd’hui nous sommes devenus réceptifs à l’idée d’examiner les événements importants ayant marqué notre mémoire durant l’époque coloniale ». « Par rapport à la mémoire, il y a eu quelques reconnaissances », a indiqué le chef de l’État algérien, soulignant que la France a reconnu « certains événements douloureux » de la période coloniale.
« Le peuple algérien n’a jamais accepté la colonisation. Il l’a toujours combattue. Nos chiffres font état de 5,63 millions de martyrs, de l’invasion jusqu’à l’indépendance », précise le dirigeant, qui a en outre rappelé qu’il y a eu « 70 ans de guerre. Il faut qu’on arrive à l’écrire, dans les livres scolaires des deux pays ». Et de lancer : « parce que celui qui ne connaît pas son histoire et qui ne glorifie pas ses martyrs n’ira pas loin ».
« Leurs archives sont notre mémoire »
« Ils ont reconnu qu’il y a eu des massacres, même s’ils n’ont pas reconnu leur ampleur. Pour les essais nucléaires, ils ont reconnu ainsi que des évènements qui ont eu lieu durant la résistance populaire… Leurs archives sont notre mémoire. On ne peut pas falsifier l’histoire ». La question de la mémoire n’est pas un fonds de commerce, a martelé le Président Abdelmadjid Tebboune.
Pour le chef de l’État, c’est une « nécessité » pour l’Algérie et les Algériens de savoir « qu’il y a eu 70 ans de résistance, de l’invasion jusqu’au centenaire de la colonisation et c’est reparti 20 ans après avec la Guerre de libération ». Le dirigeant s’est prononcé sur le sujet à quelque un mois de sa visite en France. Un séjour sur lequel les deux pays travaillent pour en faire une réussite.