L’annonce en fin d’année dernière du Président américain Donald Trump de rapatrier les militaires basés en Syrie a des conséquences pour les pays du Maghreb, Algérie, Maroc et Tunisie en tête, qui vont devoir traiter le cas du retour de leurs ressortissants, prisonniers des américains après avoir combattus dans les rangs de l’Etat Islamique.
L’Algérie, le Maroc et la Tunisie vont être confrontés prochainement à la question du retour d’un nombre important de ressortissants arrétés par les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliées des Occidentaux dans la lutte contre le groupe jihadiste Etat Islamique.
Le départ des militaires américains dans les mois à venir va en effet laisser les forces Kurdes en trop petit nombre pour gérer l’ensemble des détenus jihadistes, des femmes qui les accompagnaient ainsi que de nombreux enfants. D’autant plus que ces prisonniers sont de plus en plus nombreux avec l’écroulement de l’Etat islamique. L’administration américaine encourage donc leur rapatriement dans leurs pays d’origine, une proposition qui n’enchante guère les pays du Maghreb concernés.
L’association humanitaire Human Rights Watch a déclaré à travers la voix de Letta Tayler, chercheuse senior sur les questions liées à la lutte antiterroriste, concernant le manque de volonté du gouvernement tunisien de rapatrier ses ressortissants que « Les préoccupations légitimes portant sur la sécurité ne donnent pas aux gouvernements le droit d’abandonner leurs ressortissants, notamment les jeunes enfants, détenus à l’étranger sans inculpation, dans des prisons et des camps sordides (…) Des enfants tunisiens sont bloqués dans ces camps, sans éducation, sans avenir et sans moyen d’en sortir, tandis que leur gouvernement semble à peine lever le petit doigt pour les aider. »
La Tunisie serait le principal pays concernés avec entre 3 000 et 5 000 jihadistes relevant de sa nationalité et des manifestations se sont déroulées dans le pays pour s’opposer à leur rapatriement.
Une situation différente au Maroc où Rabat revendique une politique très stricte pour éviter les attentats. Les jihadistes partis combattre à l’étranger sont systématiquement interpellés, jugés et incarcérés avec des peines de 10 à 15 ans de prison rapporte France24 qui précise qu’en 2015, le nombre de Marocains recensés dans les rangs de groupes jihadistes en Irak et en Syrie était estimé à plus de 1 600.
La situation est différente en Algérie ou le pays ne cherche pas à récupérer ses ressortissants et envoie en prison directement ceux qui seraient tentés par un retour explique l’AFP en citant une source sécuritaire.
« Nous appelons tous les pays à passer à la vitesse supérieure et à assumer la responsabilité de leurs ressortissants partis en Syrie pour combattre avec l’EI« , a déclaré un responsable américain à l’AFP rapporte France 24 qui précise que le créneau pour bénéficier du soutien américain dans le processus se refermera rapidement. Une façon très claire de mettre la pression sur l’Algérie, le Maroc et la Tunisie.