Depuis son retour discret, le mardi 16 juillet 2013, dans son pays, le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, se fait très rare. Aucune apparition officielle d’ailleurs. Pourtant, il semblerait qu’il continue de diriger l’Etat. Toutefois, sa capacité d’occuper le sommet de l’Etat et d’achever son mandat reste hypothétique. Y a-t-il vraiment un pilote à la présidence algérienne ?
Après plus de deux mois d’hospitalisation dans un hôpital parisien, Abdelaziz Bouteflika a fini par signer son retour dans son pays, le 16 juillet dernier, suscitant nombreuses questions sur sa capacité à reprendre les rênes du pays. Les Algériens espéraient le revoir, bien requinqué et en forme pour bien s’occuper et à temps plein, de la présidence. Ils seront déçus de ne pas voir apparaître une seule fois leur Président, depuis son retour à Alger. Aucune nouvelle officielle sur l’état de santé de celui qui reste malgré tout chef de l’Etat.
La parenthèse interminable
L’annonce de son retour en juillet dernier redonnait de l’espoir au peuple algérien qui croyait pouvoir encore compter sur celui qui occupe la présidence algérienne depuis 14 ans. Mais, le Président algérien est visiblement rentré dans son palais pour poursuivre sa convalescence. Pourtant, au lendemain même de son retour, la presse algérienne était sceptique de voir un jour le 5ème président de la République revenir aux affaires. A 76 ans, Bouteflika semble à bout de force, et poursuit « une période de repos et de rééducation », selon les sources de la Présidence.
En attendant, c’est son Premier ministre Abdelmalek Sellal qui continue de sillonner le pays, essayant tant bien que mal d’afficher une bonne santé du gouvernement. Depuis quelque temps, le Premier ministre est en tournée politique, assurant un rôle de prêcheur de la bonne parole et de la cause de l’Etat, pour sauver le meuble « Bouteflika ». Des agitations qui font d’Abdelmalek Sellal un Premier ministre algérien qui a le plus voyagé.
L’éclipse du Président se prolonge. Et ce lundi, la presse locale note son absence lors de la célébration de la nuit du 27e jour du Ramadan (Leilet El Qadr, ndlr), à la grande mosquée d’Alger, organisée dimanche soir. C’est donc la deuxième fois que Bouteflika rate une cérémonie officielle, après les festivités du 5 juillet, commémorant les massacres d’Oran et l’indépendance du pays. Son absence ne pouvait pas passer inaperçue, car le Président et son gouvernement avaient l’habitude d’assister à cette cérémonie religieuse, retransmise chaque année en direct, à la télévision nationale. Cette année, c’est le Premier ministre, M. Sellal, qui a représenté le chef de l’Etat dont la participation à la prière de l’Aïd-el-Fitr dans quelques jours, reste incertaine.
Des lois en stand-by
Alors que dans les coulisses les noms des futurs candidats se murmurent, plusieurs dossiers considérés « urgents » restent en stand-by. On attendait le retour de Bouteflika pour traiter des dossiers importants, notamment les questions de la loi de finances complémentaires, ou encore la révision constitutionnelle, ça ne sera pas chose faite. Ces dossiers continuent de prendre de la poussière. Aucune décision importante n’a été prise ces derniers mois.
Chose encore plus étonnante : aucune réaction, ni l’opposition, encore moins de la population. Il semble que les Algériens laissent passer le temps, en attendant 2014, date de l’élection présidentielle.
Les successeurs de Bouteflika se dessinent. Abdelmalek Sellal qui est sur tous les fronts en ce moment reste un potentiel successeur. Avec l’expérience acquise dans le rôle de chef d’équipe qu’il occupe actuellement. Le nom de Saïd Bouteflika, fils du Président, est aussi soulevé. Les deux hommes, proches du président de la République, pourraient donc trouver sur leur chemin d’autres figures algériennes qui ont manifesté leur désir de briguer le pouvoir, comme le Franco-algérien Madjid Pezghenna, l’ex-premier ministre Ahmed Ouyahia entre autres.