En Algérie, le journaliste Abdelhaï Abdessami a été libéré après plus de deux ans de prison. Toutefois, il est toujours accusé de complicité d’exfiltration de son directeur de publication.
Après plus de deux ans de détention, le journaliste algérien Abdelhaï Abdessami a bénéficié de la liberté provisoire, a annoncé, dimanche, son avocat. Libéré le 21 septembre dernier, le journaliste est toujours sous le coup d’une accusation pour l’exfiltration, en 2013, de son directeur de publication, le patron des quotidiens Jaridati et Mon Journal.
Arrêté en août 2013, le journaliste algérien a demandé, à plusieurs reprises, une liberté provisoire, en vain. Ses cinq demandes n’avaient pas abouti, même la grève de la faim engagée par le journaliste n’a été d’aucun effet. Il est accusé d’avoir participé à l’exfiltration vers la Tunisie de son directeur de publication, Hichem Aboud, ancien officier des services secrets algériens (DRS), lequel s’apprêtait à publier des informations sur l’état de santé du Président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Âgé de 43 ans, le journaliste souffre de diabète.
Hichem Aboud a commenté la libération de son ancien correspondant via son site internet. « Le pouvoir d’Alger joue la carte de l’apaisement et semble s’acheminer vers la voie de la justice et de la légalité ». Maître Salah Dabouz, président de la ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, estime que cette libération est due au limogeage du général Toufik survenu quelques semaines auparavant.
En mai 2013, Hichem Aboud écrit un article sur l’état de santé du Président Abdelaziz Bouteflika dans lequel il précise qu’il serait dans un état comateux. C’est lors de l’impression de son journal que le problème se pose puisque l’imprimeur a alerté le ministre de la Communication en découvrant l’article. Soumis à une interdiction de quitter le territoire, Hichem Aboud se réfugie dans le ville frontalière de Tébessa, où il rencontre son correspondant Abdelhaï Abdessami. Le 10 août, il quitte l’Algérie pour la Tunisie en passant par le poste frontière algérien de Bouchebka et le poste tunisien d’Hydra.
La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) qualifie sa sortie « d’exfiltration » et, huit jours plus tard, arrête Abdessami Abdelhaï. Selon le rapport de la gendarmerie de Tébessa, « Abdessami a accompagné Hichem Aboud au poste frontière ». Une arrestation que Hichem Aboud, réfugié à Lille a qualifiée, dans El Watan, de « règlement de compte commandité par la Présidence » qui, pour « se venger de lui, a mis des citoyens innocents en prison ».
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