En Algérie, les gardes communaux ne lâchent rien. Un campement gigantesque a été installée à Boufarik, près d’Alger. Et alors qu’une nouvelle marche vers la capitale est au programme, les gardes communaux de la wilaya de Boumerdès ont organisé ce mardi un sit-in pour réclamer le versement des salaires du mois de juin. Certaines des revendications ont été jugées « excessives et irrationnelles » par le gouvernement.
Après un mois de bataille, les gardes communaux en Algérie semblent toujours déterminés à faire valoir leurs droits. Depuis le 26 juin, date de la contestation, ces derniers exigent que les promesses faites en 2011 par le ministre de l’Intérieur, Ould Kablia, sur le statut du garde communal, soient tenues. Mardi, les gardes communaux de la wilaya de Boumerdès ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour réclamer le versement des salaires du mois de juin. Suite aux marches de Blida et de Boufarik, les autorités locales ont décidé de bloquer les salaires. Ces sanctions viseraient à mettre la pression aux gardes communaux de Boumerdès en vue de les empêcher de participer aux marches et aux sit-in organisées. D’autres cas similaires ont été dénoncés. Mais c’est peine perdu. A la fin du sit-in, les gardes communaux de Boumerdès ont décidé de rallier leurs camarades qui ont érigé un campement improvisé dans un champ près de l’aéroport militaire de Boufarik, à 35 km d’Alger.
Le ramadan, un obstacle ?
Contrairement à ce que le gouvernement pouvait imaginer, le Ramadan n’a pas calmé les gardes communaux qui ont au contraire mis l’accent sur le mouvement. Ils ont déposé leurs armes en signe de protestation. Ils seraient entre 5 000 et 8 000 campeurs venus de 38 wilayas, selon la presse locale. Ils ont décidé de passer leur mois de jeûne loin de chez eux, jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Plusieurs familles et associations sont venues les soutenir au campement. Les conditions au camp, la chaleur et la fatigue auront eu raison, pour l’heure, de près de 80 personnes qui ont dû être évacués vers les hôpitaux. Pour autant, cela n’a pas empêché les gardes communaux de tenir le cap. Hier soir après le ftour (rupture du jeûne, ndlr) les représentants du mouvement devaient se réunir pour organiser une nouvelle marche vers Alger. Pour le moment aucune information n’a été diffusée.
Pour rappel, le corps des gardes communaux a été créé durant les années de plomb en 1994 pour lutter contre le terrorisme qui à l’époque faisait des ravages en Algérie. Aujourd’hui, ces paramilitaires souhaitent davantage de reconnaissance pour les sacrifices consentis. En mars et avril 2011 déjà, les gardes communaux ont observé plusieurs marches et sit-in devant le siège de la Présidence à Alger.
« La majorité des revendications ont été satisfaites »
Côté gouvernement, on assure que « la majorité des revendications des éléments des gardes communaux ont été satisfaites (…) à l’exception de préoccupations n’ayant pu trouver de solutions réglementaires faute d’ancrage juridique pouvant servir de base pour leur satisfaction, d’une part, et leur caractère excessif et irrationnel, d’autre part ». C’est ce qu’indique un communiqué du ministère de l’Intérieur qui a tenu a précisé que « les informations véhiculées concernant de présumées pressions et mesures restrictives qui seraient prises à l’encontre des contestataires sont dénuées de tout fondement. »
D’après le communiqué, dès les premières demandes des gardes communaux enregistrées en février 2011, « plusieurs solutions et mesures ont pu être dégagées et mises en œuvre ». Le paiement des salaires « ont été dûment exécutés », selon la nouvelle grille, et « les rappels ont été versés » aux éléments de la garde communale suivant un programme pré-établi, a indiqué le ministère de l’Intérieur. A propos de la retraite il a été mis en œuvre un dispositif permettant aux agents cumulant 15 années de service au 11 décembre 2012 de partir en retraite sans condition d’âge et à leur demande…
Mais si la quasi-totalité des revendications ont été prises en compte, pourquoi les gardes communaux protestent-il toujours ? En fait, ils exigent un statut particulier que leur refuse le gouvernement, celui des militaires. Selon le ministère de l’Intérieur, la révision de leur statut « ne peut se faire en raison du redéploiement projeté des effectifs de ce corps ». Quant au passage à la catégorie 12 au lieu de la catégorie 6, autre principale revendication, le ministère explique que cela ne peut se faire car il s’agit d’une catégorie réservée aux titulaires d’un diplôme universitaire et la classification des différents groupes et catégories est régie par le statut général de la Fonction publique.
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