Le tribunal de Tissemsilt, dans le sud-ouest algérien, a condamné deux Algériens convertis au protestantisme à des peines de prison avec sursis et à de lourdes amendes. Ils sont accusés de « pratique illégale d’un culte non musulman ». La communauté chrétienne d’Algérie est de plus en plus préoccupée par la multiplication des procès à l’encontre de certains de ses membres.
Il ne fait pas bon d’être chrétien en Algérie ces derniers temps. Rachid Mohammed Seghir, 40 ans, et Jammal Dahmani, 36 ans, deux Algériens de confession chrétienne, en ont fait les frais. Le tribunal correctionnel de Tissemsilt, situé à 350 km à l’ouest d’Alger, a condamné mercredi les deux informaticiens à six mois de prison avec sursis et à une amende de 100 000 dinars (soit 1 000 euros) pour avoir incité des musulmans à se convertir au christianisme. Khelloudja Khalfoun, qui avait déjà défendu d’autres chrétiens convertis dont Habiba Kouider, 36 ans, a expliqué que Rachid et Jammal ont été arrêtés en avril 2007 parce qu’ils « distribuaient des documents afin de troubler la foi musulmane ».
Les deux convertis avaient déjà été condamnés en novembre dernier par contumace à deux ans de prison ferme et à verser 500 000 dinars (soit 5 000 euros) d’amende. Ils avaient alors demandé à être rejugés en leur présence. Mais si la peine est aujourd’hui allégée, le président de l’Eglise protestante d’Algérie, Mustapha Krim, a qualifié, mercredi, ce verdict de « scandaleux ». « Nous sommes déçus par le verdict. «Nous n’avons pas honte de notre religion. », a déclaré pour sa part M. Seghir à l’issue du procès. Il a décidé, comme M. Dahmani, qu’il ferait appel du jugement.
La loi contre le prosélytisme en cause
Les procès à l’encontre des chrétiens en Algérie se multiplient ces derniers mois. Quatre personnes ont été poursuivies en juin par la justice algérienne pour « pratique d’un culte non musulman sans autorisation ». Une autre condamnation, celle de Habiba Kouider, a fait grand bruit et a suscité de vives réactions de la part des Occidentaux. Cette institutrice a écopé d’une peine de trois ans de prison ferme pour « pratique sans autorisation d’une religion non musulmane ».
Depuis février 2006, une dizaine de chrétiens ont été ainsi poursuivis sur la base de la loi controversée sur le prosélytisme. Elle considère comme prosélyte toute personne qui « incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion ». Mais cette loi se trouve de plus en plus confrontée à la Constitution algérienne qui garantit la liberté de culte et de conscience.
La communauté chrétienne compte près de 11 000 âmes sur les quelque 33 millions de personnes vivant en Algérie. Dans ce pays où l’islam est religion d’Etat, la pression des autorités envers les chrétiens est devenue très forte.
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