Le désormais traditionnel Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) bat son plein depuis dimanche dernier à Alger. Sa tenue confirme la ferme volonté de l’Algérie de développer « en toute sérénité » son industrie touristique.
De notre envoyée spéciale en Algérie
Un air particulier souffle sur cette neuvième édition du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) alors qu’elle ouvre ses portes, dimanche dernier, à Alger. Il a le parfum de cette petite appréhension qui hante les cœurs des Algériens et de ses futurs visiteurs après les récents attentats qui ont frappé la capitale de l’Algérie. Pourtant, comme un pied de nez, et peut-être un peu plus que les éditions précédentes, le Sitev 2007 a les allures d’une grande. Avec 13% de taux de croissance en 2006, l’Algérie est devenue la quatrième destination du continent africain en accueillant plus de 1, 6 millions de visiteurs. Une hausse de trois points comparée à l’année précédente. La tendance concerne aussi la fréquentation du Sitev : 16 délégations étrangères et 155 exposants participent à cette neuvième édition.
L’Algérie n’a pas le monopole du terrorisme
Le plan décennal, comme l’a encore rappelé le ministre du Tourisme Noureddine Moussa, lors de l’inauguration du salon, reste le cadre idéal de la pérennisation de cette évolution. Objectifs : 120 000 lits, en termes de capacité d’hébergement, et quatre millions de visiteurs à l’horizon 2015. Le pays souhaite hisser son offre touristique au niveau des standards internationaux par une mise à niveau et le développement de ses infrastructures. Atteindre cette exigence passe aussi par la formation. Les deux journées professionnelles du Sitev (lundi et mardi) s’inscrivent dans cette perspective. Sous l’égide de l’Organisation mondiale du tourisme et sur le thème de la planification du marketing touristique, elles sont, cette année, l’occasion pour les opérateurs algériens d’apprendre à évaluer leurs opérations de promotion. C’est aussi pour cela que l’on participe au Sitev. En plus de « se connaître entre professionnels du secteur au plan national, tirer profit des expériences des acteurs internationaux et de nouer des contacts.» Autant de bonnes raisons pour le responsable de l’Office du tourisme de Biskra (ancienne cité carthaginoise du nord-est de l’Algérie), Hecini Bachir, d’être présent sur ce salon.
Autre enjeu majeur du Sitev : gommer cette image de destination « peu sûre » qu’est l’Algérie. Un travail de longue haleine que les récents attentats terroristes ne viennent pas faciliter. « Nous travaillons dans la sérénité. », a déclaré Noureddine Moussa. Pour lui, le terrorisme, au regard de l’exemple espagnol avec les attentats de Madrid, n’est pas l’apanage de l’Algérie. « Les attentats sont imparables, dira-t-il, et il y en a eu partout dans le monde. » Tout en précisant que des études de l’OMT ont conclu que ce type d’événements, y compris les catastrophes naturelles, n’empêchaient pas le développement de l’industrie touristique. « Nous nous attendions à des annulations de réservations pour la saison prochaine dans le sud qui commence en septembre. Il n’en est rien », constate Abdelkader Gouti, directeur de la communication et de la coopération au ministère du Tourisme. D’après le responsable algérien, la menace terroriste, et plus généralement les risques auxquels ils s’exposent sont des facteurs avec lesquels les touristes apprennent désormais à compter.
Un tourisme de qualité
D’ailleurs pour le responsable Afrique de l’OMT, Ousmane Ndiaye, il faut cesser « de se focaliser sur la menace terroriste ». Au vu des potentialités de l’Algérie, « La force de frappe du tourisme algérien est sa diversité ». De ses côtes à son Sahara, en passant par ses vestiges romains, l’Algérie a effectivement de quoi fasciner le visiteur tout en se préservant. Bien que les incitations soient nombreuses pour les investisseurs (nationaux et étrangers), qui peuvent par exemple bénéficier d’une exonération d’impôts sur les bénéfices pendants dix ans, les autorités algériennes tiennent à souligner que le potentiel ne sera pas bradé.
« Le développement de l’activité touristique doit s’inscrire dans la durabilité. Nous ne voulons pas développer le tourisme à tout prix et commettre les erreurs que d’autres ont commises. Les côtes algériennes ne seront pas bétonnées, insiste M. Gouti. Nous resterons vigilants pour promouvoir un tourisme de qualité ». Au profit des Algériens, qui représentent un vivier d’environ un million de touristes, et la clientèle européenne que les autorités algériennes souhaitent attirer. La France est pour l’heure le principal émetteur de touristes devant l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne. Même s’il reste encore beaucoup à faire, le message sera beaucoup repris à Top Résa, l’une des plus importantes rencontres professionnelles du secteur qui se tiendra à Deauville (France) en septembre prochain. La première participation algérienne à cet événement illustre le dynamisme croissant d’un pays qui souhaite partager avec le monde ses richesses et en faire une source de développement économique.