Le MSP remet ça ! Le groupe parlementaire du Mouvement de la société pour la paix (MSP) affirme, dans un communiqué de presse, avoir déposé, hier sur le bureau de l’Assemblée nationale populaire (APN), un projet de loi « interdisant la production et la consommation du vin ainsi que sa commercialisation, son importation et son exportation ». Cette manœuvre politique qui intervient à la veille des législatives 2007 ne saurait être exempte de velléités électoralistes dans une perspective de s’attirer la sympathie des islamistes.
La disposition du MSP, si les deux chambres du Parlement donnent leur agrément, ne manquera pas de provoquer la marginalisation de l’Algérie sur la scène internationale. Ce projet de loi remet, en effet, en cause les engagements de l’Algérie vis-à-vis de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale du commerce.
L’Algérie deviendra cloîtrée sur elle-même et désignée non grata par ses partenaires étrangers. Les taxes de fiscalité sur l’importation du vin vont disparaître. Sur le plan interne, en sus de cette ambition de réguler la consommation des Algériens, c’est toute l’industrie de la viticulture qui va en pâtir avec ses deux segments, public et privé. Ainsi, des milliers d’emplois seront menacés sur un réseau de 2600 viticulteurs. Plusieurs activités, dont la plantation, le traitement de la vigne, la transformation, le stockage et la mise en bouteille, vont être réduites à néant, si le projet du MSP prend forme sur le terrain.
La production de vin, un atout pour l’économie algérienne
L’Algérie produit actuellement 400 000 hectolitres de vin de très bonne qualité, alors que les vignobles destinés à la production de vin s’étendent sur 50 000 ha. L’Algérie était classée parmi les premiers pays exportateurs mondiaux de vin et 4e producteur de vin dans le monde. Un hectare de vigne offre 170 jours de travail sur le plan social. Les autorités du pays ont, d’ailleurs, mis en place des mécanismes pour encourager les viticultures, à la faveur du Plan national de développement agricole (PNDA). Grâce à ses labels de qualité de vin, à l’instar de Médéa, le Coteaux de Tlemcen, le Gris d’Algérie, la Cuvée du Président, le Domaine El Bordj et le Coteaux de Mascara, les exportations de vin représentent environ 25% de la production agricole nationale. Le marché de la bière, lui, représente 16% de l’industrie des alcools, soit 5,12 milliards de dinars. La demande nationale en bière est estimée à 1,2 million d’hectolitres par an.
Le parti de Bouguerra Soltani avait, rappelons-le, introduit un projet de loi interdisant l’importation du vin, en faveur de la loi de finances 2004. L’interdiction avait pris effet en janvier 2004. Toutefois, en juillet 2004, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, avait levé l’interdiction sur l’importation des produits alcoolisés. «L’article disparaîtra. Notre religion n’a jamais été une religion de contrainte», avait expliqué alors M. Ouyahia. De son côté, le ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, avait critiqué l’interdiction, jugeant qu’elle allait à l’encontre des engagements du pays envers la communauté internationale et qu’elle pourrait avoir un effet négatif sur les négociations en vue de l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce. Tout est de savoir quelle suite aura ce projet de loi lors de la prochaine session parlementaire.
Mustapha Rachidiou, pour El Watan