Le ministère de l’Intérieur a annoncé vouloir interdire la campagne de boycott de la Présidentielle envisagée par le RCD et le MSP.
La campagne initiée par des partis politiques algériens en vue de boycotter l’élection présidentielle a été interdite par le ministère de l’Intérieur. Le ministre Tayeb Belaïz a en effet annoncé, mardi, au Sénat, son intention de ne pas autoriser les réunions des partisans du boycott. Une interdiction réitérée le lendemain, au motif que « les autorisations et les salles ne seront accordées, durant la campagne, qu’aux candidats dont les dossiers ont été validés par le Conseil constitutionnel ».
Belaïz met ainsi un frein à l’élan du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et au Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui entendent s’activer sur le terrain pour promouvoir ce boycott. L’annonce par ces deux partis politiques de ce boycott a été fait à 24 heures d’intervalle vendredi et samedi dernier. Les présidents du RCD, Mohcine Belabbas, et du MSP, Abderrazak Makri, ainsi que certains candidats, dénoncent une atteinte à la liberté d’expression, dans un contexte où le débat est censé être ouvert.
« Les services du ministère de l’Intérieur ont très bien exploité le texte de loi sur la loi électorale », explique Fatiha Benabbou, professeur à la faculté de Droit d´Alger, spécialiste de droit constitutionnel qui ajoute que les partis politiques « ont fait une lecture formelle du texte de loi qui s’adresse essentiellement aux candidats. Le texte de loi fixe les conditions qui définissent un candidat. Pour le texte, les candidats sont ceux que le Conseil constitutionnel (CC) considère comme tel, et dont les noms seront affichés par décision du CC et publiés au Journal officiel. Tout ceux qui ne remplissent pas cette condition sont hors jeu ». Une thèse soutenue par Mohamed Talbi, directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l’Intérieur, qui a rappelé, mercredi, selon El Watan, que « les 3 250 salles seront attribuées seulement aux candidats confirmés par le Conseil Constitutionnel ».
Article 41, garant de la liberté d’expression
Ultime solution pour le RCD et le MSP, louer des salles pour mener leur contre-campagne. Mais là aussi, la fameuse loi de 1990 sur les réunions et manifestations électorales ne le permet pas. « Ils devraient au préalable demander une autorisation pour se réunir, qui leur sera refusée », résume un ancien cadre du ministère de l’Intérieur.
Or, Fatiha Benabbou rappelle que la Constitution, par le biais de l’article 41, garantie la liberté d’expression sans aucune limite, et aucune loi ne peut remettre en cause ce texte. « Les formations politiques se sont laissées piéger. Elles n’ont pas relevé lors de la promulgation de la loi électorale cette contradiction avec cet article de loi de la Constitution », rappelle-t-elle.
Le MSP et le RCD s’appuieront-ils sur l’article 41 de la Constitution pour mener leur campagne de boycott ? Le ministère de l’Intérieur bravera-t-il l’article 41 ?