Saïd Bouteflika, frère du président algérien Abdelaziz, est soupçonné d’approuver des décrets présidentiels durant l’hospitalisation de son frère. Alors que les informations sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika et sa capacité à gouverner restent opaques, des décrets présidentiels ont été promulgués depuis Paris, cette semaine.
(De notre correspondant)
Selon le quotidien algérien Le Matin, ils auraient été signés non pas par le Président, mais par son frère Saïd Bouteflika. Ces décrets nomment sept fonctionnaires de la Direction de l’Informatique. Deux des promus sont des militaires, mais les cinq autres nommés Chefs d’études sont de « simples » fonctionnaires recrutés seulement depuis 2011. Leurs noms auraient été proposés par Bouabana, Directeur de l’Informatique de la présidence et proche de Saïd Bouteflika, juste avant l’admission du Président à l’hôpital.
Une source proche de la présidence confie que toutes les propositions venant des autres structures de l’Etat sont bloquées par Saïd Bouteflika. Selon le quotidien, le frère du Président tente de geler l’avancement des fonctionnaires présents depuis les mandats de Chadli Bendjedi et Liamine Zeroual.
La politique de Saïd Bouteflika, en charge de la communication du Président, est contestée depuis le début de l’hospitalisation de son frère en raison de la « stratégie du silence » qu’il a adoptée. Si le frère a bel et bien signé à la place d’Abdelaziz Bouteflika, cela constitue une offense à la loi encore plus grave. Le Matin explique qu’en vertu de l’article 77 de la Constitution algérienne, la signature de décrets présidentiels relève uniquement de la seule autorité du président de la République et ce pouvoir ne peut en aucun cas être délégué.
Ce nouveau scandale, s’il est avéré, risque encore de relancer le débat sur la procédure «d’empêchement» du Président. Surtout que l’article 88 précise bien que « lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil Constitutionnel, se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ».
Pour rappel, le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, admis à l’hôpital du Val-de-Grâce depuis le samedi 27 avril dernier des suites d’un accident vasculaire cérébral (AVC), a été transféré depuis le mardi 21 mai dernier à l’Institution nationale des Invalides (INI), spécialisée dans la réadaptation fonctionnelle et les séjours médicalisés et de convalescence.