Algérie : Le boycott des ports marocains et ses conséquences régionales


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Un porte-conteneurs en mer
Un porte-conteneurs en mer

En janvier 2024, l’Algérie a pris une décision majeure : interdire le transit et le transbordement de marchandises via les ports marocains. Rapidement ajustée pour certains produits, notamment ceux qui sont périssables afin de limiter les conséquences négatives sur la qualité du produit, cette mesure révèle des tensions économiques et politiques entre les deux pays.

Impact économique sur le Maroc

En premier lieu, et c’est le principal impact, cette interdiction a perturbé le commerce régional, affectant particulièrement le Maroc. En tant que hub logistique clé, le Maroc et notamment le port de Tanger Med, a vu une diminution conséquente de ses activités portuaires et commerciales. La décision a eu un impact direct sur l’économie marocaine, mettant en évidence l’interdépendance économique dans la région du Maghreb. Au contraire, le déplacement de plusieurs transporteurs vers l’Espagne a eu un impact positif pour la péninsule ibérique.

L’Algérie, qui est assez dépendante des importations, a cependant dû modérer sa décision, en particulier concernant les produits périssables pour qui l’allongement du trajet lié au passage par l’Espagne avait potentiellement des conséquences sur la qualité. Ainsi, le gouvernement algérien a autorisé à nouveau une partie du transit par le Maroc.

Les tensions croissantes entre l’Algérie et le Maroc

Cette mesure s’inscrit dans un contexte de frictions croissantes, exacerbées par des divergences territoriales et politiques.  Les tensions entre l’Algérie et le Maroc sont exacerbées par le conflit du Sahara occidental. Cette région est revendiquée à la fois par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, et par le Maroc. Elle est au cœur des discordes bilatérales.

Le Maroc considère le Sahara occidental comme partie intégrante de son territoire et n’hésite pas à utiliser tous les moyens d’influence possibles, comme l’ont montré les récents scandales en France avec l’affaire M’Barki, et surtout en Europe, avec le MarocGate. De son coté, l’Algérie soutient le droit à l’autodétermination des Sahraouis. Au centre du conflit, se trouvent aussi les ressources potentielles du désert. En effet, le Sahara occidentale est une région qui pourrait se révéler très riche.

Les ressources potentielles du Sahara occidental

Elle est notamment reconnue pour ses importantes réserves de phosphates, avec ce qui serait l’un des plus grands gisements au monde, qui pourrait concurrencer l’Office Chérifien des Phosphates, premier exportateur mondial. En plus des phosphates, la région possède potentiellement des ressources en hydrocarbures (pétrole et gaz), bien que leur exploitation ne soit pas encore pleinement développée, et cette fois c’est l’Algérie avec la Sonatrach qui pourrait en profiter. Enfin, le Sahara occidental offre des opportunités en matière de pêche le long de sa côte atlantique, avec des eaux poissonneuses qui pourraient avoir une valeur économique significative, et concurrencer alors le secteur en Mauritanie. Ces ressources sont au cœur des enjeux économiques et politiques liés au conflit territorial dans la région.

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