La progression des actes de violence à l’encontre des femmes en Algérie préoccuppe la société civile. Les statistiques 2008 sont alarmantes. La Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, hier, a été l’occasion d’aborder ce problème.
Notre correspondant en Algérie
Les multiples actes de violence terroristes, commis par des groupes islamistes durant cette décennie noire en Algérie, n’ont pas du tout épargné les femmes dont certaines ont été tuées, violées alors que d’autres y ont perdu leur mari ou des parents proches. Une autre forme de violence vient s’ajouter au chapitre des malheurs qui s’abattent sur ces êtres qui cherchent fébrilement leurs marques dans une société en pleine mutation : la violence conjugale. Durant les six premiers mois de l’année en cours, 4500 femmes ont fait état de violence conjugale à travers tout le pays.
Ces statistiques données par la police et relayées par les médias locaux ajoutent que « 2 675 femmes ont été victimes de violences physiques, 1 359 ont été maltraitées, 144 ont subi une violence sexuelle, 107 ont été harcelées et 4 ont été éliminées physiquement ». Les mêmes statistiques précisent que 15 % des agresseurs sont les conjoints, plus de 4 % sont des amants ou fiancés, plus de 3 % sont des frères, plus de 3% des ascendants. Les plus touchées sont les femmes de moins de trente ans.
Difficile de briser la loi du silence
Les violences sont plus nombreuses en milieu urbain. Alger, avec ses 6 millions d’habitants occupe le haut de la hiérarchie des brutalités faites aux femmes; elles ont atteint 850 cas. Oran, à l’ouest du pays, en enregistre 342 et Annaba 289. Tous ces chiffres, bien sûr, ne font pas état des cas qui n’ont pas été révélés aux autorités.
Pourtant, l’amendement adopté en octobre 2004 par l’Assemblée populaire nationale dans l’article 341 du Code pénal algérien – et qui condamne toute personne qui se rend coupable de harcèlement sexuel à des peines prison – est considéré déjà comme un progrès dans la société algérienne fortement marquée par les tabous de l’islam. Mais rien ne semble dissuader les bourreaux qui voient dans les femmes des objets de jouissance et de servitude continuellement exposés aux châtiments les plus cruels.
Des associations féministes existent en Algérie, et des cellules d’écoute aussi. Mais bon nombre de femmes évitent de déposer plainte de peur de représailles. La lutte contre la cruauté est donc un combat que livrent les femmes et aussi les militants des droits de l’homme qui oeuvrent pour l’émancipation de la femme et la promotion de ses droits en conformité avec les exigences du monde moderne.
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