Vue par la presse algérienne, la sortie médiatique du Secrétaire général du Front de Libération Nationale contre le DRS sonne comme un désaveu pour Amar Saâdani. Le général Toufik, soutenu par la quasi-totalité de la presse algérienne et par une majorité d’hommes politiques, organise sa riposte.
A deux mois et demi de la Présidentielle, une flopée d’attaques et de contre-attaques couvrent le paysage politico-médiatico-militaire en Algérie. Après la sortie médiatique fracassante, le 3 février, du Secrétaire général du Front de Libération Nationale (FLN), Amar Saâdani, contre le patron du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS), le général-major Mohamed Médiène dit Toufik, plusieurs responsables politiques discréditent Amar Saâdani.
Ce dernier, appartenant au clan Bouteflika, a affirmé dans un entretien accordé à TSA vouloir contribuer à instaurer un « Etat civil ». Et pour ce faire, il a appelé le patron du DRS, dont le visage n’est que très peu connu du grand public, à « s’occuper des questions sécuritaires » et de « cesser de s’immiscer » dans les affaires politiques du pays. Il accuse un pouvoir militaire occulte de vouloir diriger l’Etat et ses institutions au lieu de protéger la nation et ses dirigeants.
Les réactions de la classe politique s’enchaînent. Le coordinateur du bureau politique du FLN, Abderrahmane Belayat a totalement désavoué Saâdani : « Nous déclarons publiquement que nous nous démarquons des déclarations de ce membre du CC qui n’engagent en fait que sa personne », a-t-il déclaré au Quotidien d’Oran.
Le DRS saisit la justice, la presse se déchaîne
En réponse, le général Toufik, par le biais du DRS qu’il dirige sous la tutelle du ministère de la Défense, aurait l’intention de poursuivre en justice Amar Saâdani, suite à ses accusations. Si l’information tendait à se confirmer, ce serait une première dans l’histoire moderne de l’Algérie. En optant pour la voie judiciaire, cela signifie que le général Toufik n’entend ni polémiquer ni même justifier son travail au sein du DRS.
La quasi-totalité de la classe politique désavoue Saâdani, à l’instar de la presse locale qui estime qu’« il (Saâdani) aurait été ligué contre le DRS par ceux qui veulent imposer un 4e mandat (de Bouteflika, ndlr), non pas parce qu’ils veulent, comme il le dit, instaurer un « Etat civil », mais plutôt pour protéger des intérêts énormes et surtout se garantir une impunité ». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, n’a toujours pas réagi…
TSA, seul contre tous
Il y a en revanche un média qui refuse de prendre part à l’attaque organisée contre Saâdani suite à ses accusations. Ce média n’est autre que TSA, auteur de la sulfureuse interview qui secoue le pays. Au contraire, TSA accuse la presse algérienne qui, au lieu de se ranger du côté de Saâdani « contre un pouvoir militaire », préfère défendre « ce pour quoi elle est payée par les services de sécurité qui ont la haute main sur la manne financière de l’ANEP (Entreprise Nationale de Communication, d’Edition & de Publicité, ndlr) et a pris le parti de celui dont, il y a quelques mois encore, on n’aurait pas osé écrire le nom dans ses colonnes, le fameux général Toufik ».
Le journal en ligne écrit que « la réputation de faiseur de Présidents de ce militaire n’est plus à faire, entre fantasmes et réalités, autour de cet homme qui semble n’avoir de comptes à rendre à personne, une sorte de Roi des ombres, présent dans toutes les strates de la société algérienne ».
A deux mois de l’élection présidentielle, le patron du FLN « n’a pas fini ni de faire parler ni de produire des conséquences. Que la presse algérienne, qui biberonne financièrement aux conséquents subsides du DRS, le veuille ou non », conclut TSA.