La protestation contre le pouvoir s’intensifie en Algérie où les propositions du clan Bouteflika n’ont pas convaincu les manifestants. Au contraire, la foule est de plus en plus nombreuse à défiler dans les rues d’Alger et des principales villes du pays pour demander le départ définitif et immédiat du pouvoir en place. Comme toujours, Abdelaziz Bouteflika, cloué dans son fauteuil ne répond pas.
Comme tous les vendredis depuis un mois maintenant une foule immense s’est rassemblée dans les rues d’Alger pour crier qu’elle n’acceptera pas une fois de plus les manigances du Gouvernement d’Abdelaziz Bouteflika pour se maintenir au pouvoir.
Des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le principal bureau de poste historique de la ville pour demander le départ des éléments de la vieille garde du parti au pouvoir, le Front de Libération Nationale (FLN), « On ne veut plus de ces vieux visages. On veut une nouvelle Algérie, une république juste« , explique une femme à une agence française. Les partisans de la manifestation appelaient cela la « marche d’un million d’hommes », même si le nombre est bien sur exagéré.
Sur les réseaux sociaux, les opposants se sont plaints de la fermeture des liaisons de transport en commun avec la capitale, Alger, empêchant de nombreuses personnes de participer à la marche. L’agence de presse Reuters a rapporté que les forces de sécurité algériennes bloquaient les routes menant au parlement et au siège du gouvernement.
La rue a clairement rejeté le plan de transition de Bouteflika explique El Watan qui titre «Son Excellence le peuple vous a tous virés» et reprend les slogans des manifestants « on voulait les élections sans Bouteflika, on a Bouteflika sans les élections ».
Malgré tout, donnant l’impression de ne pas tenir compte de l’importance de l’opposition, le nouveau Premier ministre Noureddin Badawi a déclaré lors d’une conférence de presse jeudi qu’il nommerait les membres de son nouveau gouvernement dans les prochains jours. À noter que pour la première fois des slogans hostiles aussi à Lakhdar Brahimi, sont apparus laissant peu d’espoir au médiateur pour se concilier les opposants en prévision de la conférence de dialogue national. Lakhdar al Brahimi a déclaré à la télévision algérienne qu’il fallait un « large consensus » sur les différentes composantes de l’Algérie avant que le changement puisse être promulgué et sur le fait que « la confiance doit être construite » entre les acteurs opposés. Il a déclaré que le processus serait lent, mais que « le voyage de mille kilomètres commence par une étape« .
Le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Ahmed Qaid Salah, a averti que «des éléments inconnus tentaient de renverser le gouvernement», faisant allusion voilée aux Frères musulmans et à d’autres groupes islamistes. Lire aussi Algérie : les sévères mises en garde du général Gaïd Salah envers les contestataires. Une façon peut être de préparer la prochaine étape de la reprise en main du pouvoir par l’armée.
Devant ce déferlement de contestation, Abdelaziz Bouteflika, toujours incapable de s’exprimer depuis son terrible AVC en 2013, continue de voir son clan pousser son fauteuil roulant, mais il est difficile maintenant de ne pas imaginer que la route vers la sortie est toute tracée.