Après trois semaines de campagne électorale, les Algériens se préparent à élire leur nouvelle Assemblée populaire de wilaya et l’Assemblée populaire communale. Les risques de fraude tourmentent une nouvelle fois la population.
(De notre correspondant)
Les dés sont jetés. Les résultats du scrutin du jeudi 29 novembre, dans le cadre des élections locales en Algérie, n’est plus qu’une question d’heures. Et pourtant, les citoyens algériens n’ont pas l’air d’être à l’écoute des différents candidats. Les 52 partis politiques en lice font l’objet de critiques pour ne pas s’être penchés sur les préoccupations des citoyens, celles particulièrement liées au logement et à l’emploi. Cette indifférence en dit long sur les maux qui noircissent le front social, toujours en ébullition. « Si les formations politiques n’ont pas réussi à drainer de grandes foules, c’est parce que les citoyens sont avides d’absolu. L’ère du mensonge et des fausses promesses est révolue. Le citoyen lambda n’a pas trouvé chez les responsables de partis des interlocuteurs crédibles pour les écouter, ce qui élargit davantage le fossé entre les gouverneurs et les gouvernés », explique un ancien député qui requiert l’anonymat.
Le FFS discrédité ?
Même les partis connus pour leur ancrage populaire comme le Front des forces socialistes (FFS), qui a forgé sa notoriété sur ses longues années dans l’opposition, n’échappe pas à la règle. Ses différentes sorties de proximité et contacts directs avec le citoyen n’a pas changé la donne. « Le front des forces socialistes d’aujourd’hui n’est plus celui des années de l’ouverture du champs politique en Algérie. A force de changer de mains, il a fini par se désintéresser des aspirations réelles de la base citoyenne, ce qui explique amplement cette nonchalance » déclare Hamid, ancien militant du FFS.
Les appels à un vote massif jeudi prochain restent sans écho, surtout en Kabylie où le taux d’absentéisme est le plus élevé. « Les élus ne nous contactent que quand ils ont besoin de notre voix. Mais durant l’exercice de leur mandat, on assiste impuissants à la ghettoïsation de la région de Kabylie ce qui amplifie naturellement la non participation massive à ce scrutin » fait remarquer un étudiant de l’université Mouloud Mammeri, à Tizi-Ouzou.
L’embourbement des politiques
Pour renverser la tendance, certaines formations politiques s’arc-boutent sur des arguments qui ne tiennent parfois plus la route. Comme celui avancé par le parti des travailleurs (PT) qui brandit la « menace extérieure » pour accompagner son appel à une participation massive. D’autres, comme le Mouvement de la société pour la paix (MSP), mettent en garde contre la fraude électorale. Les partis d’opposition, à l’instar du FFS et du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), insistent sur l’importance de la participation citoyenne pour en assurer un meilleur ancrage.
A quelques encablures du rendez-vous électoral, l’administration s’échine à dissiper toute critique émises contre elle. Les écoles seront fermées à partir de mercredi pour préparer les bureaux de vote.
Les électeurs craignent, une fois de plus, les cas de fraude. « La mascarade du mois de mai dernier (élections législatives, ndlr) nous reste en travers de la gorge. Avec ce genre de pratique, on risque vraiment de ne plus aller voter ni même de nous intéresser à un quelconque scrutin », déplore Amar, étudiant en économie à l’université de Mouloud Mammeri.