Algérie: La facture du piratage


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Le piratage prend de plus en plus de l’ampleur en Algérie. C’est ce qu’a révélé, mardi, le directeur de l’ Office National des Droits d’auteurs et des Droits Voisins (ONDA), Hakim Taousser, à l’émission « El Hassad Ethakafi » diffusée par la chaîne culturelle de la radio nationale.

Le premier responsable de cet organisme public, censé protéger les droits d’auteur, a déploré, le long de son intervention, le peu de moyens dont dispose l’ONDA pour faire face à ce phénomène qui tend à se généraliser dans notre pays, classé parmi les tout premiers dans le monde touchés par le piratage. Pour corroborer ses dires, le directeur de l’ONDA donnera des chiffres qui donnent réellement du tournis aux contrôleurs, dont le nombre ne dépasse pas 45 à travers le territoire national, qui n’arrivent pas à s’imposer sur le terrain vu l’étendue du pays.

Un nombre insuffisant de contrôleurs

Le directeur explique ce nombre très restreint de contrôleurs par le fait que l’ONDA ne dispose pas d’assez de moyens financiers pour pouvoir recruter d’autres contrôleurs pour au moins diminuer de l’ampleur de ce phénomène. Les dégâts causés par le piratage s’élèvent, selon M. Taousser, à 578 millions de DA en 2004 et ce chiffre a forcément doublé, voire triplé durant les deux dernières années. « Si l’Etat ne prend pas des décisions radicales pour mettre fin au piratage, l’adhésion de l’Algérie à l’OMC sera compromise », a précisé le directeur de l’ONDA.

A cet effet, l’ONDA a souvent interpellé l’Etat pour agir afin protéger le patrimoine culturel et surtout créer un fonds spécial pour la protection sociale des créateurs car ces derniers doivent être au fait de leurs droits. Tout en indiquant que la protection des droits d’auteur remonte au 18e siècle, l’intervenant a affirmé que ses services ont quand même et malgré les contraintes du terrain procédé à des saisies des produits piratés. Ainsi, 65.430 pièces ont été saisies en 2003, tandis que 18.282 l’ont été en 2004 et 112.751 en 2005.

Une hausse accrue des contrefaçons

Durant la période 2004-2006, 26 plaintes ont été déposées à Constantine contre des contrefacteurs mais seulement 3 d’entre elles sont passées devant les tribunaux tandis que les autres sont restées sans suite. Par ailleurs, M. Taousser a relevé dans son intervention que pas moins de 30 marchés parallèles sont éparpillés à travers le territoire national et fonctionnent à ciel ouvert. Il faut dire que la propriété intellectuelle, ailleurs sacralisée, est de moins en moins protégée en Algérie et les auteurs les plus touchés par le piratage restent indubitablement les musiciens et les écrivains.

Pour lutter contre ce phénomène, dont les préjudices sont immenses que ce soit sur le plan financier ou moral, l’ONDA a proposé au gouvernement la création d’une commission de lutte contre la contrefaçon qui sera composée des représentants des ministères de la Culture, des Finances, de la Justice, du Commerce, de la DGSN et de la Gendarmerie nationale. Cette proposition est, selon M. Taousser, toujours à l’étude. « Nous espérons que l’Etat acceptera notre proposition pour lutter efficacement contre ce mal qui freine énormément la création intellectuelle dans notre pays », a conclu le directeur de l’ONDA.

Zoubir Khélaifia de notre partenaire Le Quotidien d’Oran

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