Les consultations de la classe politique et de la société civile ont démarré sur un mauvais pied. Les partis de l’opposition à l’instar du Front des forces socialistes (FFS) et du rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne veulent pas participer à la démarche. Selon eux, elle ne peut aboutir à aucun résultat probant.
Vendredi, lors d’un point de presse à l’issue de la vingtième journée de ces consultations, le porte-parole de l’instance de coordination de ces consultations, Mohamed Ali Boughazi, a indiqué qu’elles visent à « doter l’Algérie d’institutions représentatives dont la légalité ne pourrait pas être remise en cause (…) Cela reflète une volonté politique à même de mettre le pays sur la bonne voie, débouchant sur un avenir bâti par les Algériens eux-mêmes », a-t-il déclaré.
Cependant, plusieurs partis d’opposition sont restés en marge des discussions entamées en mai sur l’initiative de l’exécutif, arguant qu’il s’agit d’une démarche trompeuse. Selon eux, le pouvoir, en mal d’arguments, veut gagner du temps et assurer son ancrage dans une société en pleine mutation. Lors de sa première sortie médiatique, le secrétaire général du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Ait Ahmed, a qualifié de « peu crédible » les réformes politiques annoncées par le président de la république, Abdelaziz Bouteflika. Pour le leader du plus vieux parti d’opposition algérien, le remède proposé par Abdelaziz Bouteflika à la crise qui couve dans le pays et qui s’inscrit dans le sillage des révoltes populaires qui secouent les pays arabes n’aura aucun résultat significatif. « Dans notre pays, la crise nationale continue et les propositions de réformes proposées par le chef de l’état sont peu crédibles. ». Le premier secrétaire national du FFS, Karim Tabou, n’est pas plus tendre, lui qui a qualifié de « cirque politique » la démarche présidentielle. Celle-ci est loin d’être « un processus politique, mais juste une série de consultations », pense-t-il.
Le FFS conteste également la nomination du président de la Chambre haute du parlement, Abdelkader Bensalah, pour piloter les consultations avec les partis politiques. Confier ce rôle clé au président du Sénat «n’est pas sérieux», a réagi Karim Tabou. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), une autre formation de l’opposition, refuse également de prendre part aux consultations. Le RCD considère que « Toute participation à des élucubrations menées par les auteurs du désastre national serait synonyme de complicité, du reniement et du détournement de la volonté de notre peuple.»
Même l’ancien secrétaire général du Front de libération national (FLN), Abdelhamid Mehri, pourtant issu du système, critique la démarche du gouvernement, estimant que la révision des lois et de la constitution doit être l’aboutissement d’un consensus politique. Pour M. Mehri qui a été invité cette semaine aux débats, les consultations ne doivent pas se limiter aux partis politiques et à la société civile. Il plaide pour l’organisation d’une conférence nationale regroupant toutes les forces vives de la société. C’est d’une telle instance qu’on pourrait selon lui, obtenir un large consensus pouvant faire réussir les réformes politiques.
Dans la rue algérienne, nombreux sont ceux qui considèrent que le gouvernement veut jeter de la « poudre aux yeux ». Il veut « endormir les algériens et prolonger encore davantage cette torpeur de laquelle ils souhaitent sortir», y estime-t-on.