Algérie : l’été meurtrier


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Drapeau de l'Algérie
Drapeau de l'Algérie

Les commandos islamistes qui ont refusé le processus de réconciliation se lancent dans une fuite en avant meurtrière. Environ 200 morts depuis le début du mois.

L’Algérie connaît une recrudescence des attentats et assassinats sans précédents depuis le début de l’année. Les violences ont coûté la vie à près de 200 personnes depuis le début de mois de juillet alors que les autorités gardent le silence sur ces nouvelles tueries, laissant à la presse indépendante le soin d’étaler le bilan le plus macabre de ces six derniers mois.

Un an – pile – après le vote de la loi sur la concorde civile, les officiels algériens imputent ces massacres à « des bandits ou des truands », laissant entendre que les islamistes armés ont entendu l’appel à la paix civile, à l’exception de la Kabylie et quelques zones à l’Ouest et au sud d’Alger.

Ce seul week-end, neuf civils et huit militaires ont été tués, annonce la presse algérienne, respectivement vers Hadjout et à Ouled Attia, commune située dans le massif de Collo. Les premiers ont été froidement abattus à un faux barrage, les seconds sont tombés dans une embuscade tendue par une trentaine d’hommes armés.

Tuer pour exister

Dans la nuit du 11 au 12 juillet, six jeunes hommes qui passaient la nuit sur le sable d’une plage des environs de Tipaza qui ont été assassinés. Le 9 juillet, aux alentours de la ville de Tebessa une autre patrouille de l’Armée nationale populaire (ANP) se laissait surprendre. Bilan : sept militaires tués et deux autres grièvement, toujours selon la presse algérienne.

Durant la nuit du 8 au 9 juillet, toujours dans la zone de Tipaza, un commando dresse un faux barrage, arrêtant une Renault Express dont ils égorgent les trois occupants. Dans leur retraite, les hommes en armes tombent sur un groupe de neuf jeunes agriculteurs qu’ils massacrent : un seul d’entre eux survivra – par miracle – malgré une balle logée dans la nuque.

Si les organisations islamistes armées semblent avoir perdu la maîtrise des villes, ils restent présents dans les zones rurales où ils se manifestent en assassinant les bergers ou en piégeant les champs et les points d’eau. Ces violences aveugles seraient le fait de petits groupes d’irréductibles qui ont laissé passer la date fatidique du 13 janvier 2000, avant laquelle l’amnistie restait possible. « Ils sont affamés et désespérés, estime une source autorisée, citée par le quotidien El Watan. Ce qui explique leur acharnement sur la population. Ils tuent tous ceux qu’ils rencontrent ».

Depuis la fin du processus de réconciliation, la violence imputée aux commandos islamistes aurait fait quelques 1 300 morts. Un phénomène qui pose dans les plus hautes sphères du pouvoir la question du seuil « tolérable » de la violence, alors que les déclarations rassurantes envers les investisseurs étrangers se multiplient et que la Compagnie française d’assurance du commerce extérieur (Coface) aurait revu à la baisse le classement de l’Algérie parmi les pays dits « à risques ».

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