L’Algérie, longtemps restée en marge des circuits touristiques traditionnels, dévoile ses ambitions. Le plus grand pays d’Afrique, riche d’un patrimoine millénaire et de paysages spectaculaires, s’engage dans une transformation profonde de son industrie touristique. Un pari économique qui pourrait redessiner la carte du tourisme en Méditerranée.
Un patrimoine d’exception comme levier économique
Le pays dispose d’atouts uniques : le Tassili n’Ajjer, récemment mis en lumière par le National Geographic, abrite le plus vaste ensemble d’art rupestre préhistorique au monde. Les vestiges romains de Timgad et Djemila rivalisent avec ceux d’Italie, tandis que le littoral méditerranéen offre des plages encore préservées du tourisme de masse.
Ces joyaux, longtemps sous-exploités, commencent à porter leurs fruits. Les plus de 2,5 millions de visiteurs accueillis en 2023 ont généré des recettes estimées à 2,5 milliards de dollars, une manne qui pourrait atteindre 10 milliards en 2030 si l’objectif des 10 millions de touristes est atteint. Le secteur représente désormais 1,3% du PIB algérien, un chiffre encore modeste comparé à ses voisins du Maroc et de Tunisie (7%) mais en progression constante.
Un plan d’investissement ambitieux
Le gouvernement déploie une stratégie à double détente. D’une part, un investissement dans les infrastructures essentielles : modernisation des aéroports, développement du réseau routier et construction de nouveaux complexes hôteliers. D’autre part, des mesures incitatives pour le secteur privé : allègements fiscaux, simplification administrative et formation professionnelle renforcée.
Le plan prévoit la création de 30 000 chambres d’hôtel supplémentaires, dont 40% portés par des investisseurs internationaux. L’impact sur l’emploi s’annonce significatif : le secteur touristique, qui emploie actuellement 350 000 personnes, pourrait créer 200 000 emplois directs et indirects supplémentaires d’ici 2030.
La conquête des marchés émergents et la simplification des démarches
L’arrivée récente d’une délégation de 50 touristes chinois arrivés il y a une semaine ans le cadre de la coopération entre les deux pays pour promouvoir la destination touristique Algérie illustre la stratégie de diversification des marchés. La Chine, avec ses 155 millions de touristes internationaux en 2023, représente une opportunité majeure. L’Algérie vise à attirer 500 000 visiteurs chinois annuels d’ici 2030, un objectif qui nécessite des investissements spécifiques : formation de guides sinophones, adaptation de l’offre hôtelière, marketing ciblé.
Le visa électronique, dont le lancement est prévu pour juin 2025, devrait faciliter l’accès au territoire. Une plateforme d’un coût de développement de 12 millions d’euros, qui pourrait générer des recettes annuelles de 150 millions d’euros en frais de visa.
Des retombées économiques en cascade
Au-delà du tourisme stricto sensu, le développement du secteur stimule l’ensemble de l’économie. L’artisanat local connaît déjà un regain d’intérêt, avec un chiffre d’affaires en hausse de 25% depuis 2022. Les investissements dans les infrastructures profitent au BTP, tandis que la demande accrue en produits locaux dynamise l’agriculture et l’agroalimentaire.
Lire aussi: L’Algérie sur les rails du progrès
Les perspectives sont prometteuses, mais le défi reste de taille : transformer un potentiel exceptionnel en réussite économique durable. L’Algérie dispose désormais d’une feuille de route claire et des moyens de ses ambitions.