L’ancien Président d’Algérie, Liamine Zeroual, est sorti de son silence, ce jeudi, afin d’alerter le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, contre une éventuelle déstabilisation populaire. Cet ex-général de l’armée algérienne estime que la permanence du pouvoir doit passer par des concessions.
Les critiques se succèdent en ce moment contre le président de la République algérienne, Abdelaziz Bouteflika. Une déclaration de Liamine Zeroual, Président de 1994 à 1999, publiée ce jeudi sous la forme d’un communiqué dans trois journaux nationaux du pays, sonne comme un avertissement pour le pouvoir en place.
« L’amendement de son article 74 – limitant à deux le nombre de mandat – a profondément altéré le saut qualitatif qu’exigeait l’alternance au pouvoir et a privé le processus de redressement national de conquérir de nouveaux acquis sur le chemin de la démocratie », commente Liamine Zeroual.
Liamine Zeroual appelle à l’unité de l’armée
L’ex-Président algérien présente le prochain mandat présidentiel comme déterminant pour la suite du régime. « Il faudra surtout retenir que le prochain mandat présidentiel est le mandat de l’ultime chance à saisir pour engager l’Algérie sur la voie de la transition véritable », déclare-t-il. Liamine Zeroual n’a pas manqué de critiquer l’incapacité du chef de l’Etat actuel qui n’a, selon lui, plus les capacités physiques de ses ambitions, alors que son successeur à la tête du pays a déclaré officiellement sa candidature pour la prochaine élection présidentielle du 17 avril prochain.
Liamine Zeroual appelle à l’unité de l’armée dans ce contexte de « crise de confiance ». Il est temps que le régime cesse ses concurrences intestines pour faire front commun pour la stabilisation du pays, d’après l’ex-Président. Il se dit convaincu que « ce qui se passe aujourd’hui sur la scène nationale ne peut laisser indifférent et interpelle la conscience de tout citoyen algérien jaloux de l’indépendance de son pays ».
« Il faut se garder de sous-estimer la situation actuelle »
« Il faut se garder de sous-estimer la situation actuelle et de penser que la manne financière peut, à elle seule, venir à bout d’une crise de confiance structurelle. Même fondé, l’étalage des statistiques et de bilans chiffrés à l’adresse d’une opinion nationale exsangue n’est pas pour convaincre son scepticisme exacerbé, ni de nature à contenir l’effervescence citoyenne que connaît actuellement la scène politique nationale », insiste-t-il.
L’opposant Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix, estime que, malgré son communiqué, Liamine Zeroual soutient le système, car il appelle à voter.
Ali Benflis, l’ancien Premier ministre de Bouteflika, par ailleurs candidat à l’élection présidentielle a, quant à lui, appuyé les propos de l’ancien général : « le Président Liamine Zeroual n’a pas agi seulement en qualité d’ancien chef d’Etat, mais également en tant que patriote, conscient de la gravité de la situation et soucieux de la stabilité de l’Algérie qu’il a servie avec courage, intégrité et dévouement ».