Durant les quinze jours qu’ils ont passés au pays de Mandela, les fans des Verts ont su allier foot et drague. Rencontres éphémères, sentiments sincères, prélude à des projets futurs et des rêves…
Johannesburg, 10 juin, 2h30. L’Airbus d’Air Algérie atterrit sur le tarmac gelé de l’aéroport O.R Tambo. Les jeunes, bariolés des couleurs nationales, donnent déjà le ton en faisant les yeux doux, même aux policières des frontières. Galants comme ils ne le sont pas toujours en Algérie, ils baragouinent des mots doux à la gent féminine. Une entrée en la matière efficace, puisqu’une fois installés à Pretoria, leur pied à terre, 60 km plus loin, ils vont carrément à l’abordage. Epatées par cette espèce humaine entreprenante et affectueuse, les femmes, d’abord les Sud-Africaines, puis les Slovènes, Françaises, Anglaises, Argentines et Américaines, tombent sous le charme. Une aubaine pour nos jeunes qui n’espéraient pas mieux.
« On fait une photo ? », entame Mohamed, 23 ans, d’Oum El Bouaghi. Demande agréée avec un sourire gros comme jabulani, le ballon officiel de la Fifa. Le truc de la photo est le meilleur prétexte pour Mohamed et la grande majorité des 1 800 supporters pour donner naissance à une relation dont personne ne peut jurer de la durée. Pourtant, des couples se sont formés, malgré le handicap de la langue pour la plupart de nos jeunes concitoyens. Hamza, 26 ans, informaticien à Alger, a connu, le premier soir, Yolande, une Sud-Africaine de peau blanche, sur Hotfield Square, transformé en night-lub, depuis le début du Mondial.
« Ça a commencé par une prise de photo ensemble, puis une danse et en fin de soirée, on avait échangé nos numéros de téléphone pour un rendez-vous le lendemain. Je peux vous dire, qu’à la veille de mon retour au pays, on est toujours en relation. Je l’ai invitée à venir en Algérie et elle m’a promis de venir. » Mais notre Don Juan dit ne pas brusquer les choses. « On ne s’est pas promis le mariage et moi, je ne lui ai pas fait comprendre que je voulais rester dans son pays, je ne voulais pas qu’elle pense que je suis plus intéressé par son pays que par elle. »
Cœur d’artichaut
Des jeunes plus coureurs que Hamza ont carrément fait dans la collection. « J’étais sûr que sur dix filles que je côtoierais, une au moins serait la mienne, explique Nassim de Tlemcen. Je ne suis pas bête au point d’ignorer que la plupart des filles qui sont ici cherchent le plaisir. Moi aussi, je me suis bien amusé, mais à la fin, une d’entre elles m’a marqué. On se voyait tous les jours, sauf quand on était en déplacement dans les villes où évoluait notre équipe nationale. Je lui ai déclaré mon amour, elle aussi, mais je sais que notre relation n’aboutira pas. Et même si on s’est donnés nos emails, elle retournera dans son Argentine lointaine et le temps effacera tout. »
A Stellenbosch, à la cité universitaire des filles, beaucoup d’étudiantes sud-africaines, nos guides et nos hôtesses, sont tombées amoureuses. Nos concitoyens au cœur d’artichaut aussi. « Emmy m’a séduit. C’est une belle black, on était tout le temps ensemble, on discutait dans le salon jusqu’à 4h du matin ! On s’aime, mais que voulez-vous qu’on fasse, on ne pourra pas terminer notre vie ensemble, nos deux pays sont séparés pas plus de 8 000 km et puis, nos traditions sont différentes », reconnaît, fortement désolé, Mourad d’Oran. A 32 ans, il avait beaucoup rêvé de l’Occident, et après avoir connu autre chose, il confesse, bon philosophe : « J’ai eu quinze jours de hnana, d’affection, ça m’aidera à tenir des mois dans mon bled ! ». Pendant quinze jours de séjour au pays de l’oncle Nelson, des amourettes sont nées, des relations apparemment sincères, avec des projets aussi. Mais la majorité est revenue avec un carnet d’adresses plein et des souvenirs indélébiles. De quoi frimer dans son quartier pour longtemps jusqu’au prochain Mondial…
Par Chahredine Berriah