La coalition islamiste de l’Alliance de l’Algérie Verte a décidé de boycotter l’Assemblée populaire nationale. Elle estime que le scrutin du 10 mai ne représente pas le « changement » en Algérie.
Après le PT et le FFS, l’Alliance de l’Algérie verte (AAV) décide, elle aussi, de bouder ces structures : commissions et vice-présidence de l’Assemblée. « Les législatives du 10 mai ont engendré une situation parlementaire faible que certaines parties veulent lui conférer une légitimité. Devant cette situation, le groupe parlementaire de l’Alliance de l’Algérie verte a décidé de boycotter les structures de l’Assemblée », a annoncé le président du groupe parlementaire de l’AAV, Nouamane Laouar, à l’ouverture, hier à Alger, de la réunion de cette Alliance islamiste. Une réunion inaugurée par les interventions des leaders des trois partis composant cette troïka islamiste, en l’occurrence Bouguerra Soltani (président du MSP), Fatah Rebiai (président du mouvement Ennahda) et Hamlaoui Akouchi (secrétaire général d’El Islah).
Ils intiment que le scrutin du 10 mai dernier « a fait perdre au pays la chance du changement par les urnes ». Dans ce sens, ils accusent les décideurs d’avoir « détourné les voix des électeurs en triturant les résultats de l’élection ». « Le plus grave est que l’administration a impliqué dans son entreprise la justice, qui est censée être neutre, et les services de sécurité, en leur donnant l’instruction de voter pour certains partis », déclare Bouguerra Soltani. Ce dernier qualifie la nouvelle Assemblée « de conseil national de transition (CNT) ». « Nous sommes revenus au CNT de 1995. Ceux qui ont falsifié les résultats des élections ont renforcé la majorité des électeurs qui refusent de croire à la nécessité d’aller aux urnes. Nous avons tenté de convaincre les Algériens que le changement par les urnes est possible. Avec ce qui s’est passé, c’est l’espoir qui vient d’être anéanti. Il est désormais difficile de convaincre cette large majorité des Algériens de se rendre aux urnes », lance-t-il.
Le patron du MSP, qui avait toujours caressé le rêve d’arriver au pouvoir en 2012, croit que « les décideurs sont déterminés à ne pas remettre le flambeau aux nouvelles générations avant la présidentielle de 2014 ». « Ils viennent ainsi de sacrifier deux générations d’Algériens : celle de 1954-1988 et celle de la décennie noire », dénonce-t-il. Pour lui, « ces élections, qui devaient apporter des solutions, constituent un véritable problème dont les conséquences peuvent menacer la sécurité et la stabilité du pays ».
Bouguerra Soltani, qui est confronté actuellement à une sérieuse opposition au sein de son parti, tient à l’Alliance verte. Une Alliance qui, dit-il, « n’est pas conjoncturelle ». « Contrairement aux affirmations de certains, cette Alliance n’a pas été créée juste pour les élections. Elle sera renforcée », annonce-t-il. Le premier responsable du MSP trace même une feuille de route pour son groupe parlementaire appelé, ajoute-t-il, à « relancer le projet de criminalisation du colonialisme bloqué par la précédente APN, l’introduction d’une motion pour la création d’une commission d’enquête sur les résultats des législatives et la proposition d’une révision à la baisse de l’indemnité du député ».
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