Hocine Aït Ahmed, 87 ans, président historique du Front des forces socialistes (FFS) et dernier rempart de l’opposition algérienne a décidé de démissionner.
(De notre correspondant)
Hocine Aït Ahmed, alias Da l’Hocine, comme aiment l’appeler les militants du parti du Front des forces socialistes (FFS), a finalement décidé de passer le flambeau. Sénilité oblige, il laisse, ainsi, l’initiative à la présidence collégiale de poursuivre la voie de l’opposition au régime « tyrannique » d’Alger.
Hocine Aït Ahmed (en kabyle, ?usin Ath ?medh) est né le 20 août 1926 à Aït Yahia dans l’actuelle daïra de Ain El Hammam (ex Michelet) dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Celui qui a présidé le FFS depuis sa création en 1963 au jour de sa démission, ce samedi 25 mai, n’a jamais cessé de militer pour le recouvrement de l’indépendance, confisquée par un clan au pouvoir. De son exil suisse, il réclame sans cesse le pluralisme face au verrouillage de la vie politique avant d’être rattrapé par la vieillesse et l’affaiblissement qui sanctionnent toujours la carrière des grands hommes.
Le plus vieux parti d’opposition en Algérie qui s’est doté d’une présidence collégiale, en marge du 5e congrès, maintient toujours sa ligne directrice fondée sur des principes démocratiques. « C’est vrai que le départ de Da l’Hocine (Ait Ahmed NDLR) laissera un grand vide sur l’arène politique en Algérie, mais la vie est ainsi faite et il faut se rendre à l’évidence et continuer le combat jusqu’au recouvrement des acquis pour lesquels se sont sacrifiés nos valeureux martyrs », nous fait remarquer un militant du parti sous couvert de l’anonymat. Cette démission intervient après le départ de Said Sadi de la tête du rassemblement pour la culture et la démocratie et l’éviction d’Abdelaziz Belkhadem du FLN et d’Ahmed Ouyahia du RND.
Ait Ahmed, qui a quand même été sacré président d’honneur de ce parti par le 5e congrès national, a un parcours riche en enseignements et en expérience. Il a été arrêté en 1964 et condamné à mort avant d’être gracié en reconnaissance à ses sacrifices pour que l’Algérie recouvre son indépendance. Il s’évade en avril 1966 et s’installe en Suisse, d’où il rentrera à Alger en décembre 1989, à la faveur de l’ouverture du champ politique et médiatique, après 23 ans d’exil. Le dernier grand baroud de celui qui incarne l’opposition en Algérie remonte au mois d’avril 1999. Candidat à la présidentielle en compagnie de Youcef Khatib, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mouloud Hamrouche, Mokdad Sifi, et Abdallah Djaballah ; il se retire avec eux pour dénoncer une fraude annoncée en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Il dénonçait « la persistance du pouvoir à dénier aux citoyennes et aux citoyens leur droit de décider de leur avenir et de choisir leur président ».
Ce retrait collectif de l’élection présidentielle assortie de la non-reconnaissance de la légitimité des résultats de ce scrutin est un geste politique qui restera gravé, à jamais, dans la mémoire des Algériens.