Algérie – France : comment Abdelmadjid Tebboune a recadré Bruno Retailleau


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Allocution Tebboune
Allocution Tebboune

Les relations entre l’Algérie et la France ont connu des tensions récurrentes ces derniers temps, mais un geste d’apaisement vient du Président algérien Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l’Etat algérien a tenu à clarifier sa position vis-à-vis des relations entre les deux nations. Un message fort a été adressé, dans lequel il a affirmé que « mon unique point de repère, c’est le Président Macron ». Une manière de recadrer le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui, depuis quelque temps, s’agite de plus en plus sur le dossier algérien, hors de son périmètre ministériel.

C’est une déclaration qui fait écho à une volonté de normaliser les relations diplomatiques entre Paris et Alger, et de rétablir un dialogue constructif, tout en respectant les règles diplomatiques que vient de lancer le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Lors d’une interview télévisée diffusée le 22 mars 2025, le dirigeant a insisté sur la nécessité de privilégier les canaux officiels pour résoudre toute question ou malentendu entre l’Algérie et la France.

Priorité sur les échanges directs entre les Présidents

Selon le chef de l’Etat, les échanges directs entre les Présidents des deux pays restent primordiaux. En cas d’indisponibilité ou de délégation de pouvoir, les discussions doivent se faire exclusivement par l’intermédiaire des ministres des Affaires étrangères. À travers ces propos, le chef d’État algérien a réaffirmé la primauté des relations bilatérales entre les deux présidents et a souligné que toute autre forme de communication serait perçue comme une déviation des protocoles diplomatiques établis.

En précisant que « nous, on garde comme point de repère, et l’unique point de repère, pour moi, c’est le Président Macron », Abdelmadjid Tebboune a également mis l’accent sur la stabilité et la continuité des relations entre la France et l’Algérie, malgré un contexte tendu. Il a ainsi évoqué des périodes de « malentendus » entre les deux pays, mais a rappelé que, en fin de compte, Emmanuel Macron reste le Président légitime avec lequel il est primordial de traiter.

Paris salue cette initiative du Président Abdelmadjid Tebboune

Cette clarification semble répondre à des déclarations récentes faites par des membres du gouvernement français, notamment le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui aurait contribué à exacerber certaines tensions. Sans nommer explicitement le ministre français, Abdelmadjid Tebboune a pris soin de souligner que toute autre forme d’interaction, en dehors des canaux officiels, ne concerne pas l’Algérie. En d’autres termes, toute prise de parole publique sur des sujets diplomatiques par des responsables non habilités ne devrait pas interférer dans les relations entre les deux pays.

Ce message, à la fois ferme et diplomatique, vise à rappeler les règles du jeu en matière de relations internationales et de gestion de crises diplomatiques. La réaction en France n’a pas tardé. Le 23 mars 2025, Sophie Primas, la porte-parole du gouvernement français, a salué cette initiative de Tebboune, en estimant qu’il s’agissait d’un « bon signal » pour renouer le dialogue entre les deux nations. Elle a ainsi réaffirmé que la voie du dialogue était la seule solution viable pour résoudre les différends existants entre Paris et Alger.

Emmanuel Macron pour une approche diplomatique

Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie sont récemment montées après le rejet par Alger de la demande française d’expulser environ 60 citoyens algériens. Le 17 mars, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé son désaccord, soulignant que cette requête avait été formulée de manière inappropriée, en dehors des canaux diplomatiques habituels. L’Algérie considère cette démarche comme une violation des procédures classiques et dénonce les méthodes de pression utilisées par la France, qu’elle qualifie de « menaces » inacceptables.

En réponse, la France a exprimé son mécontentement, le ministre français de l’Intérieur accusant l’Algérie de refuser d’appliquer le droit international. Paris envisage une « riposte graduée », incluant la suspension d’un accord de 2007 sur les visas diplomatiques. Les relations étaient déjà tendues après les déclarations du ministre français de la Justice, François Bayrou, sur la révision des accords de circulation entre les deux pays, visant à renforcer les contrôles migratoires. Face à cette crise, Emmanuel Macron a tenté de désamorcer la situation, préférant une approche diplomatique pour renégocier certains accords plutôt que de rompre les liens.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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