L’été est une saison particulièrement sanglante sur les routes en Algérie. Les services de la Protection civile ont dénombré plus de 60 morts et 988 blessés dans accidents de la circulation uniquement dans la semaine du 11 et 17 juillet. Et la situation n’est pas près de s’arranger à l’approche du mois de Ramadan.
L’Algérie enregistre plus de 11 tués chaque jour et 5 accidents de la route chaque heure. Rien qu’au cours du week-end du 15 au 18 juillet, 21 accidents ont été dénombrés. Bilan : 21 morts et plus de 90 blessés, selon la Protection civile algérienne. Plus de 60 morts et 988 blessés uniquement dans la semaine du 11 et 17 juillet. Raison essentielle de cette hécatombe : le non-respect du code de la route. « Il y a malheureusement des pics d’accidents de la circulation durant la saison estivale », observe le lieutenant Metkane, sous-directeur des statistiques et de l’information à la Protection civile algérienne. « La semaine écoulée, 62 personnes sont mortes dans des accidents de la route. Depuis le mois de juin, la courbe est malheureusement ascendante », déplore-t-il.
Nouveau code de la route
En dépit de ce bilan catastrophique, les professionnels de la sécurité routière s’accordent à dire que la situation s’est globalement améliorée depuis l’entrée en vigueur, en janvier 2010, d’un nouveau code de la route. Ces nouvelles mesures prévoient, en sus de fortes amendes, le retrait du permis ainsi que des peines d’emprisonnement. « Durant le premier trimestre 2010, les quatre premiers mois, nous avons enregistré une baisse très sensible des accidents. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour sensibiliser les gens », affirme le lieutenant Metkane.
Farès Boubakour, professeur à l’université de Batna (est du pays), responsable local du projet européen Esteem sur la sécurité routière, confirme cette tendance. « L’insécurité routière, aujourd’hui, est en train de revenir au niveau des années 1985 (en termes de nombres d’accident, de blessés et de tués). Aujourd’hui, nous avons une mobilité qui a explosé : extension urbaine, déplacements plus longs, une population qui a augmenté de plus de 50%. Et un parc de véhicules multiplié au moins par 3. Or, à peu de chose près, on a les mêmes nombres de tués, de blessés et d’accidents », analyse l’universitaire dans les colonnes du quotidien El-Watan.
Le nombre de morts en baisse
«Durant ces quatre derniers mois et comparativement à la même période de l’année précédente, il a été enregistré une réduction de quelque 330 morts, à travers le réseau routier national, soit une baisse de 21%», s’est réjouit, pour sa part, le ministre algérien des Transports, Amar Tou, lors d’un déplacement le 20 juillet dernier à Constantine. Les déclarations optimistes du ministre ont suscité une polémique en Algérie, en raison de cette saison estivale particulièrement meurtrière. Avec l’arrivée prochaine du mois Ramadan pendant lequel les musulmans jeûnent et qui est connu pour être une période à haut risque sur les routes (à cause de la baisse de vigilance, du stress lié au manque de caféine, de la nicotine et des excès de vitesse), la situation risque de se compliquer davantage.