En dépit de la note des grands laboratoires mondiaux de contrôle alimentaire, alertant contre une éventuelle présence de la salmonelle, une bactérie très dangereuse, voire mortelle, dans les produits de la chocolaterie britannique Cadbury, ces derniers ont inondé le marché informel algérien sous le nom commercial de Kent Samba.
Ce chocolat, en petites et grandes barquettes, se trouve sur les étalages des nombreuses supérettes et centres commerciaux, mais également au niveau des marchés informels des grandes villes du pays et est cédé à un prix très bas, pour faciliter sa commercialisation. Sur les boîtes, il est bien mentionné que le chocolat a été produit en Turquie, par une société membre de Cadbury Scheepps Group, et importé par Khaldi Zoulikha, de Médéa. Comment se fait-il que ces produits se retrouvent sur les étalages alors que dès le mois de juillet dernier, les banques ont été destinataires d’une note interdisant toute domiciliation d’importation du chocolat Cadbury de Grande-Bretagne et du Canada ?
Chocolats Cadbury : contaminés par la salmonelle, mais vendus en Algérie
« Certains grossistes canadiens procèdent, généralement, à la commercialisation de ce produit en l’écoulant dans les pays du tiers-monde, dont l’Algérie, au lieu de procéder à la destruction des stocks contaminés (…) », lit-on sur la correspondance adressée aux banquiers, sommés de bloquer toute opération de domiciliation de ces produits. Cette décision a été prise à la suite de deux alertes, l’une émanant du groupe Cadbury lui-même et l’autre de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), recommandant à la population « de ne pas consommer les produits de marque Cadbury fabriqués en Angleterre du fait de leur éventuel contamination par la bactérie salmonella ». Il s’agit, selon le communiqué commun diffusé le 26 juin dernier sur le site internet de l’ACIA, des lots 250 g Cadbury Dairy Milk Turkish, 250 g Cadbury Dairy Milk Caramel, 250 g Cadbury Dairy Milk Mint, Cadbury Dairy Milk 8 Chunk, 1 kg Cadbury Dairy Milk, 105 g Cadbury Dairy Milk Button Easter Egg, Cadbury Freddo 10 p. Près d’un million de barres chocolatées ont été de ce fait retirées de chez les détaillants européens et l’affaire a été largement commentée par les médias, ce qui a poussé le chocolatier à déclarer qu’il ne s’agit là que d’une mesure de précaution. Plus prévenante, l’ACIA a plutôt préféré expliquer aux éventuels consommateurs les dangers de la salmonelle.
Ainsi, dans son communiqué du 26 juin 2006, elle a expliqué que « les aliments contaminés par la bactérie salmonella ne présentent pas nécessairement d’altération visible ni d’odeur suspecte. La consommation d’aliments contaminés par cette bactérie peut causer une maladie d’origine alimentaire. Chez les jeunes enfants, les gens âgés et les personnes dont le système immunitaire est affaibli, la salmonellose peut conduire à des infections graves, parfois mortelles. Chez les personnes en bonne santé, elle peut se manifester par des symptômes de courte durée, comme une forte fièvre, des maux de tête violents, des vomissements, des nausées, des douleurs abdominales et de la diarrhée. La salmonellose peut entraîner des complications à long terme comme une forme grave d’arthrite ».
Un retrait immédiat du marché
Au Maroc, le représentant de la chocolaterie Cadbury Maroc a affirmé à la presse locale que « les marques concernées par la polémique ne sont pas importées sur le marché national », tout en reconnaissant que ces produits sont commercialisés, malheureusement, au niveau des marchés informels. Mardi dernier, l’agence canadienne a réitéré son alerte en demandant à la population « de ne pas consommer d’amandes enrobées de chocolat achetées en vrac au Chocolate Shoppe de Hershey, à Smiths Falls, à Ontario, parce que ce produit pourrait être contaminé par la bactérie salmonella. Le produit touché a été vendu en vrac ou au poids, entre le 23 octobre et le 10 novembre 2006 ».
En Algérie, l’interdiction de la domiciliation d’importation de cette marque n’a pas empêché les importateurs d’ introduire ce « poison » sur le territoire national, en lui changeant juste le nom commercial et le pays d’origine. Même si, pour l’instant, nous ne savons pas si des enfants ont pu être intoxiqués par ce chocolat, il est urgent, voire vital, que les services de contrôle de la qualité interviennent pour retirer du marché ce qui a été mis en vente.
Salima Tlemçani