Algérie : dix ans de prison requis contre l’écrivain Boualem Sansal


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Boualem Sansal
Boualem Sansal

Le parquet du tribunal de Dar El Beida, situé près d’Alger, a requis une peine de dix ans de prison à l’encontre de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, accusé d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Algérie. Selon plusieurs médias algériens, le verdict de ce procès sera rendu le 27 mars prochain. L’écrivain est emprisonné depuis la mi-novembre, après avoir été arrêté à son arrivée à l’aéroport d’Alger.

Déclarations jugées critiques par Alger

Boualem Sansal, âgé de 75 ans, fait l’objet de poursuites sur plusieurs chefs d’accusation, incluant « atteinte à l’unité nationale », « outrage à corps constitué », « pratiques de nature à nuire à l’économie nationale » et « détention de vidéos et publications menaçant la sécurité et la stabilité du pays ». L’accusation repose notamment sur ses déclarations récentes allant à l’encontre de la législation algérienne concernant l’intégrité du territoire national. Il est reproché aux propos de Sansal d’avoir porté atteinte à l’unité du pays.

L’affaire a pris une tournure particulière après un entretien de l’écrivain avec le média français Frontières, considéré comme proche de l’extrême droite. Dans cet entretien, Boualem Sansal avait exprimé des opinions sur la délimitation des frontières de l’Algérie, déclarant que certaines régions de l’ouest du pays avaient appartenu au Maroc avant la colonisation. Des propos contredits par les historiens spécialistes de l’histoire de la région. Cette déclaration, perçue comme une remise en question de l’intégrité territoriale de l’Algérie, ce qui est condamné par le droit du pays, a été vivement critiqué par l’Algérie, notamment dans le contexte tendu entre Alger et Rabat.

Point de friction supplémentaire dans les relations entre Paris et Alger

Cette affaire s’inscrit dans un contexte diplomatique fragile entre la France et l’Algérie. Les relations entre les deux pays se sont récemment détériorées, particulièrement après la reconnaissance par le Président français Emmanuel Macron, en juillet 2024, d’un plan d’autonomie pour le Sahara occidental sous souveraineté marocaine, un sujet sensible pour l’Algérie. qui défend en la matière le respect du droit international à travers la position de l’ONU, qui considère le Sahara occidental comme un pays à « décoloniser » Depuis lors, l’affaire Boualem Sansal est devenue un point de friction supplémentaire dans cette relation déjà tendue car l’écrivain est un proche de Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur français.

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Incarcéré depuis novembre 2024, Boualem Sansal a entamé une grève de la faim fin février 2025 pour protester contre sa détention. Selon des informations du Journal du Dimanche, media de la galaxie  Bolloré, conservateur proche de l’Extrême Droite, son état de santé se serait gravement détérioré depuis son emprisonnement, et il a dû être hospitalisé à plusieurs reprises, dont une fois en janvier.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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