Les services de sécurité de la wilaya d’Annaba ont arrêtés, dimanche, des Marocains accusés de vouloir semer le « chaos » dans l’est-algérien.
Le royaume marocain aurait-il envoyé des espions pour semer la pagaille en Algérie ? Chez le voisin algérien, la thèse ne fait aucun doute. Dimanche, des Marocains ont été arrêtés dans la wilaya d’Annaba. Selon des sources sécuritaires, des tracts incitant au soulèvement pour un « changement de régime », auraient été saisi dans les wilayas d’Annaba, El Tarf et Tébessa. Ces arrestations, qui ont eu lieu à la veille de la prestation de serment du président Bouteflika, interviennent dans un contexte d’effervescence en Kabylie.
Un Marocain de 24 ans, interpellé à la gare routière d’Annaba, à 541 km à l’est d’Alger, aurait avoué faire partie d’un groupe chargé de diffuser des vidéos de sit-in du Mouvement de protestation « Barakat », des manifestations de Tizi-Ouzou et celles qui enflamment, depuis décembre dernier, la région de Ghardaïa, rapporte le quotidien arabophone El Bilad. Un autre quotidien, Echourouk, affirme que le mis en cause aurait été arrêté pour avoir pris en photo une société de phosphates. La presse algérienne n’exclut pas que le réseau, dont au total trois de ses éléments auraient été arrêtés, est en relation avec le Marocain Mohamed Raissi, âgé de 48 ans, arrêté à Annaba au début de l’année et placé en détention provisoire suite à des accusations d’atteinte à la sécurité de l’Etat et d’entrée illégale sur le territoire.
Après une opération de fouille, les services de sécurités auraient donc saisi des CD et des puces électroniques sur lesquelles figurent ces fameux mouvements de protestation qui se sont déroulés dans plusieurs wilayas du pays. Suite à cette mince découverte, la direction générale de la sûreté nationale aurait levé le seuil de prudence et d’alerte, notamment aux différents points de passage à la frontière.
Côté Maroc, certains médias se demandent si les Algériens ont réellement besoin des Marocains pour poster sur le Web des vidéos de manifestions ou d’affrontements, à l’instar de Yabiladi qui dénonce une « inconsistance » dans les détails donnés par le journal El Bilad. Le quotidien en ligne suggère que ces arrestations auraient pour seul et unique but de faire diversion, afin que les Algériens se concentrent sur autre chose que sur la prestation de serment de Bouteflika qui s’apprête à siéger, tant bien que mal, cinq années de plus sur le trône d’El Mouradia. Le gouvernement de Benkirane n’a, quant à lui, émis aucun commentaire, alors même que de graves accusations sont portées contre les services secrets du royaume. Un silence synonyme d’aveux ou qui équivaut à éviter une énième querelle diplomatique ?