Depuis le 15 août, un cortège d’Algériens a marché en direction de Genève (Suisse), depuis Chambéry (France). Le but de ce pèlerinage est de dénoncer les arrestations arbitraires et toutes les violations des droits de l’Homme qui se multiplient en Algérie.
La trentaine de militants à l’initiative de cette aventure sont des proches du Hirak issus de la diaspora algérienne en France qui souhaitent attirer l’attention internationale sur les détentions politiques, ils ont établi une liste de 100 détenus d’opinion à cette fin.
Pour célébrer l’arrivée des marcheurs après un périple d’une centaine de kilomètre, les journaux suisses annoncent entre 250 et 300 personnes réunies Place des Nations. On y retrouve à la fois des militants venus de Marseille (sud de la France) comme de Milan (nord de l’Italie) ou encore de Dublin (Irlande).
Les marcheurs ont la ferme intention de sensibiliser l’ONU à cette question jusque sous ses fenêtres. Le cortège a ainsi pris fin, après 9 jours de marche, devant le siège de l’institution où les militants espéraient être reçus par Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili devenue, en septembre 2018, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme.
Malheureusement, les militants ont déclarés que les contacts qu’ils avaient pris étaient restés sans réponse.
Cette marche était par ailleurs bien plus qu’une « promenade de santé », c’était aussi l’occasion de procéder à la rédaction d’un courrier à l’attention du Haut-Commissaire. Reçus ou non, les militants porteront la voix des détenus jusqu’à l’ONU.
Qu’à cela ne tienne, la lettre a été lue devant le siège de l’institution par une militante qui a elle-même subi une incarcération de deux semaines pour avoir manifesté. Rédigée avec l’aide des avocats du Hirak, Me Nacéra Haddouche et Me Lachemi Belhocine, les auteurs ont souhaité y énumérer les articles de la Convention des droits de l’Homme qui ont été violés par le pouvoir en place en Algérie.
Assia Guechoud, qui coordonne le mouvement, explique sur France 3 région Haute Savoie (chaîne française d’une région frontalière avec la Suisse) les raisons de la marche : »La répression ne fait qu’augmenter. Le régime en place a instrumentalisé la crise du Covid pour arrêter davantage de personnes. On voudrait interpeller le HCDH sur cette situation. On souhaite qu’il prenne position ». La militante ajoute qu’en tant que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le gouvernement algérien « a des comptes à rendre ». A ce titre, elle appelle à des sanctions « devant ces agissements qui n’ont d’autre but que de « bâillonner les Algériens » ».
Les militants semblent donc attendre de l’ONU que l’institution « se mouille » et fasse pression sur le gouvernement afin que celui-ci respecte les engagements internationaux auxquels le pays s’est engagé, pas d’ingérence internationale mais plutôt un rappel à l’ordre.
L’Union Européenne a, quant à elle, déjà pris position, depuis plusieurs mois. Une résolution d’urgence a été prise par la sous-commission des Droits de l’Homme au Parlement Européen, le 29 novembre 2019 sous l’égide de Mme Maria Arena.
Cependant, depuis plusieurs mois, le temps passant mais également l’actualité sanitaire mondiale, ont mis la situation algérienne au second plan des médias internationaux. Les militants espèrent que cette action remettra la lumière sur la situation critique de la liberté de la presse dans le pays.
Enfin, la diaspora souhaite de nouveau renouveler son soutien au peuple algérien qui subit, de plein fouet, la privation de liberté. Le gouvernement semble vouloir instituer une politique de la peur au sein des militants du Hirak comme de la population plus globalement. Les expatriés veulent ainsi communiquer courage et espoir à leurs compatriotes sur le territoire national.