Le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a envoyé un émissaire au Nigeria, au Ghana et au Bénin. Le chef de la diplomatie algérienne a pour mission d’éviter une action militaire au Niger.
L’Algérie maintient sa position de tout faire pour éviter un assaut militaire au Niger voisin. Pays d’Afrique du Nord qui partage près de 1 000 kilomètres de frontières avec le Niger, elle veut éviter que la région s’embrase. Ce, après une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir le Président Mohamed Bazoum. Ce dernier a été déposé par un coup d’Etat perpétré le 26 juillet dernier.
Un coup de force qui passe mal aux yeux de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest. C’est ce qui a poussé l’instance sous-régionale à instruire les chefs d’état-major à peaufiner une stratégie pour rétablir Mohamed Bazoum. Après deux jours de conclave au Ghana, les dirigeants des armées ouest-africaines ont partagé leurs dispositions à lancer l’assaut. Une solution qui passe mal en Algérie.
Ahmed Attaf au Nigeria, Ghana et Bénin
C’est dans ce contexte que le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, entame des visites de travail. Le ministre algérien des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger se rendra au Nigeria, Bénin et Ghana. Une visite dans ces trois pays membres de la CEDEAO, prévue à compter de ce mercredi 23 août 2023. Un déplacement du diplomate algérien qui a tout son sens.
En effet, l’instance sous-régionale a décidé que le Nigeria, le Ghana et le Bénin seront les premiers à déployer leurs soldats au Niger. Viendront après les autres pays comme le Sénégal, le Togo et autres. Le Mali, la Guinée et le Burkina Faso s’étant désolidarisés de la CEDEAO. Mieux, Bamako et Ouagadougou ayant considéré un assaut militaire de la CEDEAO contre le Niger comme une déclaration de guerre.
Concertation avec ses homologues ouest-africains
Une intervention militaire qui pourrait donc compromettre la stabilité dans la région du Sahel, déjà en proie à l’insécurité. Suffisant pour que le Président algérien, Abdelmadjid Tebboune, charge Ahmed Attaf d’effectuer cette tournée ouest-africaine. Ce, dans le but de mener « des concertations » avec ses homologues nigérian, ghanéen et béninois.
Selon un communiqué de la diplomatie algérienne, les concertations porteront sur « la crise au Niger ». Pour Alger, il est surtout question de voir les moyens de « prendre en charge » cette crise que traverse le pays. Ce, « à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la situation ».
Davantage d’instabilité dans la région
Depuis le début de la crise au Niger, l’Algérie a affirmé, plusieurs fois, son refus total d’une intervention militaire. Alger a toujours partagé son « soutien à la restauration de l’ordre constitutionnel par des voies pacifiques ». En marge de de la 11ème Conférence sur la sécurité internationale, le 15 août, l’Algérie avait mis en garde. Appelant à un retour à la logique constitutionnelle dans les plus brefs délais, Alger insistait : « loin des ingérences étrangères ».
Le chef d’état-major de l’armée algérienne, Saïd Chengriha, s’est dit convaincu qu’un assaut militaire créera « davantage d’instabilité dans la région ». Le monde doit aider les pays africains « à développer des solutions autonomes et globales », insiste le général. Ce qui leur permettra de « résoudre souverainement leurs problèmes… Loin des ingérences étrangères et des tentatives de déstabilisation », a dit le gradé algérien.