L’Association algérienne pour la lutte contre la corruption pointe du doigt un rapport de l’ONU sur la corruption en Algérie. Elle estime que ce rapport ne reflète pas la réalité, et fait preuve de complaisance envers les autorités algériennes. L’Association n’a par ailleurs pas été autorisée à participer à la présentation du rapport, ce lundi au Panama.
L’ONU ferait-elle preuve de complaisance envers l’Algérie en ce qui concerne le domaine de la corruption ? C’est ce que pense l’Association algérienne pour la lutte contre la corruption (AACC) qui conteste le rapport de l’ONU 2013, sur la mise en application de la convention onusienne contre la corruption en Algérie. « Le rapport effectué sur la mise en application de la convention par les États-Unis, par exemple, est plus complet et plus critique, celui-là (le rapport sur l’Algérie, ndlr) surfe sur une certaine complaisance », a affirmé ce dimanche à TSA, Djilali Hadjadj, porte-parole de l’association.
Ce rapport contesté de l’ONU sera présenté ce lundi au Panama. Une conférence à laquelle l’AACC a été interdite de participer, raison pour laquelle l’assaaociation a publié un contre-rapport critique. L’Association rappelle que l’Algérie a été marquée ces dernières années « par une explosion sans précédent de la corruption à tous les niveaux et dans tous les secteurs d’activité sans aucune exception », écrit l’AACC dans le résumé de son rapport.
Les importantes recettes d’hydrocarbures ont, d’après l’AACC, contribué à développer la corruption en Algérie. « Cette explosion est étroitement liée aux flux ininterrompus des énormes recettes du pétrole. Elle est alimentée par les budgets faramineux dégagés par les pouvoirs publics sous couvert de programmes dits de relance économique, budgets sans cesse revus à la hausse à souhait par la seule volonté de l’Exécutif au plus haut niveau de l’État », ajoute-t-elle.
Des articles supprimés
Dans son contre-rapport, l’AACC épingle les députés en rappelant que l’article 7 qui prévoyait « la déchéance du mandat ou la fin de fonction pour les agents publics, qui ne déclarent pas leur patrimoine dans les délais » a été supprimé. Aussi, « l’article 6 de cette loi qui énumère les fonctions et mandats sujets à déclaration ne comprend pas les chefs de l’armée, contrairement à l’ordonnance de 1997 qui le prévoyait », ajoute l’organisation.
Les organes de lutte contre la corruption ne sont pas indépendants, affirme l’AACC qui explique que le rapport de l’ONU est contradictoire : « L’affirmation de son indépendance est contredite dans le même texte, d’une part par sa mise sous tutelle du président de la République et d’autre part par la relation de dépendance vis-à-vis du ministère de la Justice », explique l’organisation, soulignant que « la notion de protection des dénonciateurs et des victimes de la corruption est citée uniquement dans l’intitulé d’un article, mais que celui-ci « n’évoque pas du tout cette notion ».
L’AACC dénonce sévèrement l’article 46 qui aborde la « notion de dénonciation calomnieuse ». Une loi qui dissuaderait tout « dénonciateur de corruption ». Cette loi traduit, selon l’AACC, « l’absence de volonté politique à lutter réellement contre la corruption ». L’AACC aborde aussi le problème de la corruption au sein même de la justice. « Il est illusoire d’espérer d’une justice, elle-même gangrenée par la corruption, qu’elle puisse sévir avec efficacité contre ce phénomène », assure-t-elle.
Les experts de l’ONU auraient-ils donc fait preuve de complaisance en établissant leur rapport sur la corruption en Algérie ? Selon l’AACC, la réponse est « oui ». De plus, le gouvernement algérien a refusé de rendre public le rapport des experts onusiens en visite en Algérien, en mai dernier. Seule une partie du rapport a été rendue publique. A l’époque, certaines organisations se demandaient si les autorités n »avaient pas des choses à cacher ?