Le nouveau chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, arrivé au pouvoir il y a à peine un an, a vu ses plans complètement faussés. Explications.
L’Algérie vit les heures les plus sombres de son histoire au sein du Palais. En cause, un Président dont nul ne sait ce qui lui est arrivé et où il se trouve réellement. Annoncé en Allemagne où il aurait été évacué suite à une contagion au Coronavirus, Abdelmadjid Tebboune ne donne plus aucun signe de vie. Moins d’un an après son accession au pouvoir, voilà que les plans de celui qui voulait changer le visage de l’Algérie sont complètement faussés.
En prenant le pouvoir en Algérie, Abdelmadjid Tebboune avait bel et bien un programme qu’il avait commencé à dérouler. La mise en place de sa stratégie avait été facilitée par la curieuse et brutale disparition, des suites d’une « crise cardiaque » de l’ex-faiseur de roi, le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah. Quoiqu’on puisse lui reprocher, Salah imposait des limites en Algérie. Et voilà qu’il s’éclipsait à la venue de Tebboune au pouvoir. Le nouveau Président avait ainsi un grand boulevard tracé.
A lire : Algérie : Khaled Drareni condamné à deux ans de prison ferme en appel
Le camp de son prédécesseur auquel il appartenait, pour ne pas dire il appartient, commence à trembler. Abdelmadjid Tebboune venait de lancer une traque sans pareil. La chasse à l’homme dans son propre camp pour désarmer les membres de son « club » qui pourraient compromettre ses plans. Le frère cadet de l’ancien Président Abdelaziz Bouteflika, dont Tebboune a été ministre pendant près de 20 ans, Saïd notamment, les anciens Premiers ministres, Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, jetés en prison. Pour au moins 10 ans.
Tebboune avait changé de visage. Il ne voulait pas être critiqué et devenait de plus en plus allergique à la contestation. Même le Hirak, qui avait pourtant facilité son accession au pouvoir, en participant activement au départ de Bouteflika, faisait l’objet d’une traque sans précédent. Ses membres bousculés, traqués et jetés en prison. La presse a aussi payé un lourd tribut de la volonté de puissance de Tebboune, en atteste le journaliste Khaled Drareni, jeté en prison pour deux ans, pour avoir couvert et relayé des manifestations en Algérie.
A lire : Algérie : une manifestation pro-Hirak violemment réprimée à Béjaïa
Visiblement, Abdelmadjid Tebboune avait ses plans. Et au rang de ceux-ci, mettre l’Algérie et les Algériens, connus pour leur sens de la contestation, à ses pieds. Et le tout nouveau chef de l’Etat, sûr de sa puissance, déroulait comme il le pensait, jusqu’à ce qu’un « étranger », qu’il n’attendait même pas, frappe à sa porte : le Coronavirus, qui lui aura causé tous ses maux, pour ne pas ainsi dire tous ses malheurs. Au point où la question de savoir s’i le chef de l’Etat algérien est oui ou non en vie se pose.