Le chef d’état-major des armées algériennes, le Général Saïd Chengriha, a alerté sur le Niger où la CEDEAO menace de lancer un assaut militaire. Le gradé algérien a plaidé pour une « approche réaliste et prospective fondée sur la trilogie de la sécurité, de la paix et du développement ».
L’opportunité de la 11ème Conférence sur la sécurité internationale, ouverte, ce jour, à Moscou, capitale de la Russie, a été saisie par l’Algérie pour émettre des mises en garde sur la situation très tendue au Niger. Toujours dans sa logique, Alger appelle à rétablir le Président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, dans ses fonctions. Le pays dirigé par Abdelmadjid Tebboune a toutefois mis en garde contre toute intervention militaire étrangère au Niger.
« Dans le contexte des développements que connaît le Niger, l’Algérie appelle à un retour à la logique constitutionnelle dans les plus brefs délais, loin des ingérences étrangères qui créeront davantage d’instabilité dans la région », a déclaré, par visioconférence, Saïd Chengriha, chef d’état-major des armées algériennes. Non sans appeler la communauté internationale à apporter son soutien aux pays africains.
Aider les pays africains à développer des solutions autonomes
Pour le chef de l’armée algérienne, le monde doit aider ces pays « à développer des solutions autonomes et globales pour résoudre souverainement leurs problèmes ». Ce, insiste-t-il, « loin des ingérences étrangères et des tentatives de déstabilisation ». Chengriha assure que son pays compte « contribuer au règlement pacifique des conflits, selon une approche réaliste et prospective fondée sur la trilogie de la sécurité, de la paix et du développement ».
Il n’a pas manqué de rappeler les principes de l’Algérie, en ce qui concerne sa politique étrangère. Celle-ci étant « fondée sur le respect de la souveraineté des Etats et la non-ingérence dans leurs affaires internes ». Une position que l’Algérie a réitérée. En effet, au tout début du coup d’État survenu, le 26 juillet, au Niger, le Nigeria avait dépêché un émissaire en Algérie. Babagana Kingibe, Envoyé spécial du Président nigérian, avait rencontré le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf.
« Activer toutes les méthodes et tous les moyens diplomatiques »
Une visite qui s’inscrivait dans le cadre d’un « échange de points de vue et d’une concertation sur l’évolution de la situation en République du Niger ». A l’issue de cet entretien, Alger avait souligné « la nécessité d’activer toutes les méthodes et tous les moyens diplomatiques », pour trouver une solution à la crise au Niger. Alger avait recommandé « d’éviter l’option du recours à la force ».
Pour les autorités algériennes, une intervention militaire « ne peut que rendre la situation plus compliquée, grave et dangereuse pour le Niger et toute la région ». Tout en condamnant le coup d’État militaire « contre le Président légitime dans ce pays frère et voisin », Mohamed Bazoum, le Président Abdelmadjid Tebboune avait appelé à « son retour à sa fonction constitutionnelle de président de la République du Niger ».
La CEDEAO balbutie, la junte menace
Rappelons que des membres de la garde présidentielle ont pris le pouvoir au Niger, le 26 juillet dernier. Outre le fait de détenir le Président Mohamed Bazoum, la junte a annoncé la suspension de la Constitution. Les militaires ont en outre formé un Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Par ailleurs, un nouveau gouvernement, dirigé par un civil, a été formé. La CEDEAO, elle, a menacé d’intervenir militairement pour restituer le pouvoir à Mohamed Bazoum.
C’est ainsi que la force en attente a été réactivée et devrait intervenir au Niger, « dans les plus brefs délais », pour reprendre les propos du Président ivoirien, Alassane Ouattara. A ce sujet, une réunion des chefs d’état-major des pays de la CEDEAO était prévue samedi dernier, à Accra, au Ghana. Sauf qu’elle a été reportée à une date ultérieure. Entretemps, la junte a menacé de poursuivre en justice le Président Bazoum, pour « haute trahison ». Des poursuites condamnées de toutes parts.
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