Les parlementaires algériens, dans leur écrasante majorité, ont voté oui ce mercredi au projet du président de la République portant sur la révision de la constitution. Abdelaziz Bouteflika pourra donc briguer un troisième mandat. Cette décision jette un sérieux discrédit sur la chambre et l’idée même de démocratie en Algérie.
Le projet portant amendement de la Constitution est passé, mercredi, comme une lettre à la poste. Les deux chambres réunies, Parlement et Sénat, ont voté dans leur écrasante majorité le projet du président de la République qui est de nature à lui permettre de briguer un troisième mandat. Sur les 529 parlementaires, 500 ont voté «oui», 21 «non» et 8 se sont abstenus lors de la session qui s’est déroulée au Palais des nations à Alger.
Les partis de l’Alliance présidentielle, à savoir le FLN, le MSP et le RND ont été les premiers à applaudir un projet qui arrange leurs affaires et répond à leurs ambitions politiques. Ces formations qui gravitent autour des hautes sphères du pouvoir ont unanimement soutenu le maintien au pouvoir de Bouteflika. Hormis les députés du parti du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui ont rejeté le projet de réforme constitutionnelle proposé par le président en exercice, le reste de l’hémicycle s’y est presque unanimement rallié. Cela qui jette un sérieux discrédit sur les représentants du peuple qui ne ne semblent pas partager les soucis de la base qui les a propulsés au summum de leurs ambitions politiques.
Une classe politique coupée de la base
D’ailleurs, les parlementaires ont adopté le règlement intérieur de la plénière et ont assisté à une présentation du projet de révision avant de prêter attention aux voix qui en font l’apologie de l’Exécutif. «Le patriotisme et le sens de la responsabilité des représentants du peuple» ont été salués par le président Bouteflika dans un message adressé aux parlementaires. Le coup d’envoi est donc donné à la course aux présidentielles. Une course pour laquelle l’on ne connaît pas encore les différents hommes sur lesquels la confiance du peuple pourra être placée.
Car, il ne faut pas se voiler la face, la lâcheté et les calculs malsains priment et rongent la classe politique en Algérie où aucune lueur d’espoir quant à l’instauration de la vraie démocratie ne pointe, pour l’heure, à l’horizon. Un horizon qui s’obscurcit encore davantage avec la crise sociale touchant de larges pans de la société. Les voix qui dénoncent le piétinement du système républicain en Algérie s’étouffent et peinent à trouver des tribunes d’expression dans un système devenu liberticide.