L’Organisation Non Gouvernementale Amnesty International Algérie a appelé, aujourd’hui, lundi 27 avril 2020, les autorités algériennes à mettre fin aux poursuites arbitraires visant les militants du mouvement Hirak et les journalistes, en ces temps de crise sanitaire.
« Les autorités algériennes doivent mettre fin aux poursuites arbitraires visant à réduire au silence des militant·e·s du mouvement Hirak et des journalistes dans le contexte de la pandémie de Covid-19 », a déclaré Amnesty International. Par ailleurs, l’ONG réclame la libération immédiate de toutes les personnes ciblées par ces procès.
Entre le 7 mars et le 13 avril, dans six villes en Algérie, rappelle l’ONG, « au moins 20 militants ont été convoqués pour être interrogés par la police, ou interpellés et placés en détention provisoire, ou condamnés pour des accusations découlant de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression ou de réunion pacifique, selon des avocats spécialisés dans les droits humains ».
Pour Heba Morayef, Directrice du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International, les autorités algériennes « doivent libérer immédiatement et sans condition tous les militant·e·s pacifiques, détenus uniquement pour avoir exprimé leurs opinions en ligne et hors ligne et appelé de leurs vœux une réforme démocratique. En procédant à leur arrestation et à leur incarcération, elles les sanctionnent pour leur liberté de parole et mettent aussi en péril leur santé, étant donné les risques de propagation du Covid-19 en prison ».
Et d’ajouter : « à un moment où tous les regards, au niveau national et international, scrutent la gestion de la pandémie de Covid-19, les autorités algériennes consacrent du temps à accélérer les poursuites et les procès contre des militants, des journalistes et des partisans du mouvement du Hirak ».
Pour rappel, les autorités algériennes ont continué de cibler les militants du Hirak, malgré la trêve sanitaire imposée, visant à faire face au Covid-19. « Au moins 32 personnes arrêtées, entre le 25 février et le 13 avril, de manière arbitraire pendant le mouvement du Hirak demeurent derrière les barreaux, dont huit ont été interpellées après le début de la pandémie », alerte l’ONG.
Toutes sont poursuivies pour des infractions figurant dans le Code pénal, notamment « atteinte à l’intégrité du territoire national », « incitation à un rassemblement non armé » ou « publications de nature à nuire à l’intérêt national ». En effet, aucun de ces chefs d’inculpation, selon Amnesty International, ne constitue une infraction légitime reconnue par le droit international, car ils criminalisent la libre expression.