Le Front de libération nationale a son nouveau secrétaire général. Amar Saidani, ancien président de l’Assemblée populaire nationale, succède, ce jeudi, à Abdelaziz Belkhadem, mais ne fait pas l’unanimité.
L’ex-président de l’Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du parlement), Amar Saïdani, est le nouveau secrétaire général du Front de libération nationale (FLN). Ce dernier a été plébiscité, jeudi, lors d’une réunion du comité centrale du parti au pouvoir en Algérie, selon l’agence de presse officielle APS.
Saïdani, 63 ans, était le seul candidat en lice après les désistements de Mustapha Maâzouzi, membre du bureau du Comité central, et de Saïd Bouhadja, ancien membre du bureau politique du FLN. Porté par le clan Bouteflika, Saïdani a reçu le soutien de dizaines de députés et sénateurs et d’un nombre important d’élus du comité central du FLN qui voient en lui le profil idéal pour récupérer la place de Belkhadem restée vacante depuis janvier 2013. « Amar Saïdani a bénéficié même du soutien « indirect » de l’ex-SG Abdelaziz Belkhadem qui a décidé de ne pas se porter candidat, mais qui a appelé les membres du CC à se rendre à El Aurassi pour l’unité des rangs et la primauté de la raison », écrivait hier le journal L’expression. « Le nouveau SG du FLN qui n’a pas d’ambition politique pour se présenter comme candidat, serait-il en train de baliser le terrain pour la candidature de Abdelaziz Belkhadem, qui, lui, n’a jamais caché ses ambitions présidentielles pour 2014 », notait encore le quotidien algérien.
De surprises en surprises
Le parti historique algérien, était pris en otage depuis des mois, suite à la rivalité entre deux tendances qui se disputait son contrôle en vue de la Présidentielle de 2014. Belkhadem a été évincé justement parce qu’il était accusé de vouloir garder la mainmise sur le parti en prévision de la prochaine Présidentielle. L’élection de Saïdani n’a pourtant pas calmé la crise au sein du FLN. Ses adversaires ont qualifié d’« illégale » la réunion du comité central, à laquelle ils n’ont pas pris part. « Le conseil d’Etat a annulé l’autorisation accordée (…) pour la tenue de cette réunion, d’où son caractère illégal », a déclaré, lors d’une conférence de presse, le chef de file des contestataires, l’ancien ministre Abderahmane Belayat. Depuis la destitution de Belkhadem, celui-ci était chargé d’assurer la gestion du FLN jusqu’à l’élection d’un nouveau secrétaire général.
Le FLN avait connu en 2003 une crise similaire qui avait conduit à la démission de son secrétaire général, Ali Benflis, suite au bras de fer entre son clan et celui du Président Bouteflika.
Toute une série de rebondissement avait précédé la réunion du Comité central, organisée sous haute protection dans un hôtel du centre d’Alger. Initialement autorisée par le ministère de l’Intérieur, les détracteurs de Saïdani avaient obtenu mercredi l’annulation de cette session, suite à un recours en justice. Mais coup de théâtre, les partisans du nouveau secrétaire général sont parvenus, le soir-même, à faire annuler cette décision. Entre 273 et 340 membres du parti, selon la presse locale, étaient donc présents au rassemblement politique.
Un tournant « important »
Selon un cacique de l’ex-parti unique, « ce qui se passe au FLN est important dans le sens où c’est au sein de cet appareil que s’exprime publiquement le choix des décideurs sur la Présidentielle », rapporte le journal El Watan. Le tabloïd algérien précise que depuis janvier dernier, le frère cadet du Président Bouteflika, Saïd, s’activait pour tenter d’éviter la candidature de Benflis. Il informait tous ses proches que « Saïdani était son poulain ». « C’est lui qui doit prendre la succession au FLN », ajoute le journal. Il aurait même, selon El Watan, imposé aux ministres et aux députés FLN la nomination d’Amar Saïdani.
Dans son discours de victoire, Saïdani, 63 ans, a remercié ses supporters et a qualifié ses détracteurs de « minoritaires ». Malgré cela, il s’est engagé à « unifier les rangs du parti ». A suivre…