Le chef de l’Etat algérien, Abdelaziz Bouteflika, âgé de 76 ans, peut-il aller au terme de son mandat présidentiel qui expire en 2014 ? Telle est la question qui taraude la société civile et la classe politique.
(De notre correspondant)
Alors que le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, est toujours absent de la scène médiatique. Les spéculations vont bon train quant à la détérioration de son état de santé. Certaines rumeurs le donnent même incapable de se tenir debout. Des cacophonies qui ne laissent pas indifférente la classe politique qui commence à demander plus de transparence dans la gestion du dossier.
La première interrogation émane du leader du mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrezak Mokri, fraichement élu à la tête de cette mouvance. « Nous souhaitons du point de vue éthique, un prompt rétablissement au Président, mais nous demandons plus de transparence ». « Nous sommes pour le respect de la Constitution, des délais et des échéances. Nous sommes contre une transition illégitime ». L’application de l’article 88 de la Constitution tient particulièrement à cœur le chef de file du MSP qui remet sur les rails de l’opposition son parti. La figuration de ce pôle islamiste dans l’alliance présidentielle lui a fait significativement perdre la cote parmi les masses populaires. Mais depuis peu de temps , le MSP passe à la vitesse supérieure pour clamer haut et fort ce que les Algériens lambda pensent tout bas.
« Qu’on nous montre le Chef de l’Etat et on sera heureux », s’exclame-t-il.
Cette sortie de Mokri en dit long sur l’inquiétude qui ronge la classe politique algérienne. Le Premier ministre Abdelmalek Sellal tenait de rassurer les Algériens, mais ces derniers restent toujours dubitatifs et avides d’absolu. « Je voudrais rassurer nos concitoyens sur l’état de santé de Monsieur le Président de la République. Après avoir subi des examens médicaux à l’hôpital Val de Grâce de Paris, le président de la République, dont le pronostic vital n’a jamais été engagé et qui voit son état de santé s’améliorer de jour en jour, est tenu, sur recommandation de ses médecins, d’observer un strict repos en vue d’un total rétablissement ». Mais en l’absence de bulletins de santé du président de 76 ans, transporté le 27 avril à l’hôpital militaire parisien du Val de Grâce, le doute gagne du terrain dans un pays qui peine à retrouver ses repères. La dernière apparition publique du Président fut au cimetière El Alia le 18 avril. Le jour où il avait assisté à l’enterrement de l’ex-président du Haut-Comité d’Etat (HCE), feu Ali Kafi. À une année de l’élection présidentielle, le projet de ceux qui le soutiennent pour briguer un quatrième mandat peut tomber à pic. Idem pour ceux qui plaident pour une rallonge de sa présidence dans un système de septennat à la faveur des articles pouvant figurer dans la mouture de la nouvelle constitution. Pour les plus cartésiens, l’état de santé du premier magistrat d’un pays quelconque doit être à la hauteur des taches qui lui échoient. Le bulletin de santé du chef de l’état a déjà été sujet à discussion par le passé.
En 2009, Maitre Ali Yahia Abdennour a appelé publiquement à la veille de la présidentielle de faire examiner le président par une équipe médicale indépendante pour voir s’il était apte à exercer ses fonctions. Une revendication renouvelée récemment par le duo Ahmed Benbitour-Soufiane Djilali qui s’oppose au quatrième mandat. Maintenant que la maladie du chef de l’état défraie la chronique nationale, régionale et même internationale, beaucoup de cercles pensent à la destitution du président en vertu de la disposition constitutionnelle relative à la vacance de la présidence. Même si les nouvelles émanant de l’Hexagone notamment de l’unité de soin di Val-de-Grâce, où est admis l’ancien ministre des affaires étrangères sous Houari Boumediene, paraissent rassurantes ; l’opinion publique ne le voit jamais de cet œil. En Algérie, tout est presque relié l’hospitalisation du président Abdelaziz Bouteflika.