Alger veut capter l’épargne de ses émigrés


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L’Algérie fait un constat amer : la communauté algérienne installée à l’étranger, principalement en France, ne transfère pas ses économies au pays. Elle préfère le change parallèle, plus lucratif. Manque à gagner : 2,5 milliards de dollars.

Chaque émigré algérien transfère en moyenne moins de 300 dollars par an, contre une fourchette de 1 500 à 5 000 dollars pour l’Égypte, le Maroc, le Portugal et la Turquie. Et c’est pour inciter la communauté algérienne installée à l’étranger, particulièrement en France, à investir dans son pays que les autorités algériennes ont organisé un colloque international. L’objectif est de faire l’état des lieux et de trouver des mesures incitatives pour drainer l’épargne des émigrés, une somme évaluée par la banque française BP Banque à 2,5 milliards de dollars.

 » Comparé à d’autres pays comme l’Egypte, le Maroc, le Portugal et la Turquie à forte émigration, l’Algérie reste en deçà de ses capacités en matière de rapatriement des capitaux de sa diaspora à l’étranger dont l’apport à l’effort de développement national pourrait être important si les conditions sont réunies », indique Mohamed Belkacem Hassen Bahlou, président de l’Association nationale des économistes algériens (ANEA).

L’euro et le marché parallèle

Le montant rapatrié annuellement par la voie officielle connaît, ces dernières années, une réduction permanente. Le pic a été atteint en 2000, année où seuls 151 millions de dollars ont été transférés vers l’Algérie. Selon une étude réalisée en 1995, les capitaux algériens thésaurisés dans des banques étrangères étaient estimés à 35 milliards de dollars, juste derrière l’Egypte avec 85 milliards de dollars. Le ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l’étranger et de la Coopération régionale, Abdelaziz Ziari, veut lancer une batterie de mesures incitatives : encouragement des transferts par le biais des canaux institutionnels, facilitation des importations et création de commerces dans les zones franches…

Les économistes algériens lorgnent vers le voisin chérifien : les transferts des fonds des Marocains résidant à l’étranger vers le royaume alaouite étaient estimés en 2001 par l’Office marocain des changes à 3,62 milliards d’euros.  » En plus des lourdeurs administratives, le principal handicap demeure le marché parallèle. L’euro sur le taux officiel est de 76.39845 dinars alors que chez les cambistes clandestins, il se change à 100 dinars. L’émigré a donc toutes les raisons de bouder les banques « , analyse froidement un banquier.

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