Les autorités algéroises expulsent les familles « squatteuses ». À la matraque. Près de deux cents familles se retrouvent à la rue. La wilaya ( la préfecture) d’Alger parle d’occupations illégales. Les habitants exhibent leurs factures. Récit d’une violente expulsion.
Maqaria (ex-Léveilly) matraquée. Des dizaines de policiers en civil et des CRS ont barricadé, mardi dernier, toutes les entrées du quartier. Ils doivent expulser 90 familles de leurs logements. Sous le regard du wali délégué d’Alger. L’opération tourne au drame. Les familles refusent de quitter leurs domiciles. La police utilise la manière forte. « Nous n’avons pas volé ces appartements. Nous avons tous les documents qui prouvent qu’ils nous appartiennent. Même si les autorités emploient la force, nous resterons ici car nous n’a pas de résidences secondaires ! », s’offusque un locataire, membre de l’association des « 170 logements ». Résultat : hospitalisation de plusieurs personnes. Car la wilaya (préfecture) d’Alger entend rester ferme sur ce dossier. « Nous n’accepterons jamais que des gens occupent illégalement des logements destinés à d’autres personnes », indique-t-on à la wilaya. Sans plus de précision.
Chronique d’une expulsion inattendue
Maqaria meurtrie. « Cette mesure impopulaire et inhumaine qu’exécutent les autorités administratives locales ne repose sur aucune base légale et n’a fait l’objet d’aucune décision judiciaire. Elle vise des administrés de la commune qui ont bénéficié d’attribution de leur logement, légalement, au moyen de trois arrêtés délivrés par l’APC contre versement d’une avance dûment encaissée par l’APC (mairie) d’un montant global de 13 828 000 dinars », s’insurge l’avocat des locataires, maître Khelili. Les services de la wilaya d’Alger ont notifié les actes d’expulsion mais n’ont avancé aucun motif juridique. Depuis leur expulsion, certaines familles ont décidé de camper au pied des immeubles pour montrer leur détermination.
Maqaria trahie. Ces familles, issues de couches sociales les plus défavorisées, sont parquées dans des garages et dans des lieux publics. Certaines passent la nuit à la belle étoile.. Avant d’emménager à Maqaria avec l’autorisation du maire, il y a deux mois, elles habitaient dans des ghettos. avec l’autorisation du président de l’APC. « Nous avons payé nous-même les finitions. Quand nous sommes arrivés, il n’y avait ni eau, ni électricité », se plaint Kaddour, membre de l’association 170 logements. Cette association a été créée en 1991pour suivre de près le projet des 170 logements.
Maqaria, victime de son passé. L’APC de l’époque était dirigée par le FIS. Les responsables islamistes ont effectué plusieurs enquêtes avant d’attribuer des décisions d’affectation à ces familles. D’autres enquêtes concernant ces locataires ont eu lieu en 1995 et 2000. Les investigations ont en effet démontré que ces familles méritent ces appartements sociaux. « Les actuels dirigeants veulent punir les populations qui avaient voté pour les islamistes. Cette décision est purement politique », explique un avocat, proche de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’Homme (LDDH).