Les pluies torrentielles du samedi matin ont fait pour l’instant 575 morts dans toute l’Algérie dont 537 uniquement à Alger. Le bilan risque de s’alourdir car le nombre de disparus se chiffrerait par dizaines. L’ouest d’Alger est le plus touché par ces inondations.
C’est sous un ciel radieux que les sauveteurs, aidés par la population, continuent leurs recherches de disparus après les inondations survenues samedi dernier. Le quartier populaire de Bab-El-Oued ressemble à un tas de ruines, un cimetière à ciel ouvert. La population, avec des moyens dérisoires, continue d’extraire des cadavres de la boue. Selon divers témoins, joints difficilement au téléphone, la mer continue de rejeter des cadavres. « C’est surtout des enfants et des vieillards qui sont morts, emportés par la boue », témoigne Djamel, rescapé.
La pluie a commencé à tomber samedi vers 8 heures du matin. Il est tombé en deux heures plus d’une fois et demie que ce qui tombe normalement durant tout le mois de novembre. 150 litres par mètre carré. « Des dizaines de véhicules emportés par les eaux ont basculé sur le marché de Triolet, habituellement très fréquenté à cette heure de la matinée. Les baraques en parpaings n’ont pu supporter le choc. Elles se sont effondrées, emportant sous leur poids les dizaines de malheureux citoyens qui faisaient leurs courses à l’approche du Ramadan », explique une journaliste d’El Watan.
« Mais ils sont où, nos gouvernants ? »
Le quartier de Frais Vallon est le plus touché. L’autoroute, construite sur le lit de la rivière, creusée par le déluge est redevenue une rivière. L’armée tente ce lundi de dégager les bus et les véhicules ensevelis dans la boue. Dépassé et traité d’incompétent par la presse locale, le gouvernement algérien a demandé l’aide internationale et présenté ses excuses pour le retard des secours. Le chef du gouvernement, Ali Benflis, avertit ses compatriotes que le bilan risque de s’alourdir tant le nombre de disparus est important. Ils seraient plus d’un millier.
Les égouts de la France. « Nos gouvernants sont incapables de gérer le réseau d’égouts laissé par la France. On ne leur demande pas d’en construire un nouveau mais juste d’entretenir l’ancien. Ils sont accaparés par leurs affaires », s’insurge un officier de la protection civile, sous couvert d’anonymat. L’urbanisme est mis à mal par le tout béton.
Les hôpitaux et les morgues sont totalement débordés. « On cherche plutôt des cadavres car personne ne peut survivre à une telle hécatombe », explique le pompier. La France va envoyer à Alger une équipe d’une soixantaine d’hommes de la sécurité civile avec des équipements spéciaux. Dans la capitale, les familles parcourent les morgues à la recherche de leurs proches.
Et pour compliquer les choses, les communications sont toujours difficiles vers l’Algérie en raison de la rupture d’un câble sous marin près des côtes marseillaises. France Telecom promet de rétablir les lignes dans la semaine.