L’arrestation à Manille d’Alfred Sirven vient mettre un terme à l’une des cavales les plus spectaculaires de ces dernières années, une course autour du globe et à travers les continents, à la recherche d’un homme qui eut longtemps la haute main sur les affaires d’Elf en Afrique…
Désormais, le groupe Elf, racheté par Total Fina, paraît s’être refait une virginité, et avoir adopté un comportement différent, et un autre mode de gestion… Mais tous ceux qui hier furent complices, ou directement concernés, par les frasques des financiers de l’or noir, qui distribuaient à poignées leurs pétrofrancs autour d’eux, ont recommencé à trembler.
Il est difficile de prévoir l’effet qu’auront son arrestation, et les déclarations qu’il fera à la justice française. Peu importe : quelle que soit la vérité et les actes commis, l’honneur d’une démocratie est de les regarder en face, et de sanctionner ce qui doit l’être.
Les relations France-Afrique sont sorties, on veut le croire, de cette période où les dirigeants du Nord et du Sud faisaient leurs affaires en famille. Les peuples, au Nord comme au Sud, ne supportent plus l’hypocrisie et exigent la vérité. Dans cette grande lessive diplomatique où l’économie joue son rôle, les déclarations que fera Alfred Sirven sont la pièce maîtresse d’une clarification nécessaire des responsabilités de chacun…
Qu’il soit arrêté, et mis à la disposition de la justice, constitue une preuve de la bonne santé du système judiciaire français et de l’efficacité des procédures de poursuite internationales qu’il avait engagées. Reste à prouver maintenant que l’instruction pourra aller jusqu’à son terme, et qu’elle permettra notamment de clore, dans la transparence, le chapitre des affaires de l’ancienne Françafrique… Faire table rase des errements du passé, pour construire sur des bases plus saines : l’occasion ne doit pas être manquée.