Une township de Johannesburg, Alexandra, symbole de l’esprit de résistance au pouvoir des blancs durant l’apartheid, fête ses 100 ans. Les autorités locales espèrent avec l’évènement attirer les investisseurs
Alexandra, une township sud africaine située à 12 km au nord du centre de Johannesburg fête son centenaire cette année. Un événement marquant pour la population de 400 000 personnes qui s’entasse sur 7.6 km2. La ville est essentiellement composée de baraquements dont l’eau courante n’est pas accessible. Le taux de chômage y est de 35%.
L’anniversaire d’Alexandra est un événement symbolique qui représente néanmoins un coût élevé pour une population dont les besoins demeurent immenses. Les festivités permettront d’attirer l’attention sur « Alex », et de faire venir des investisseurs selon le président de la chambre de commerce locale, Mpho Motsumi.
Symbole de la résistance
C’est à Alexandra qu’ont débuté les émeutes xénophobes qui ont agité les townships sud-africaines en 2008. Quelques décennies auparavant, ce lieu fut un symbole de l’histoire du pays de part son boycott des bus dont les autorités voulaient augmenter les tarifs. Lors des boycotts de 1943 et 1944, « Nelson Mandela habitait à Alexandra. Il a dit que ça l’avait beaucoup impressionné. Ca lui a ouvert les yeux, politiquement. A partir de ce moment (…), il a cessé d’être un observateur, et est devenu un participant », remarque le professeur Bonner.
Un endroit où les Noirs pouvaient être propriétaires
Créée en 1912 par un fermier qui a vendu ses terrains à des noirs faute de trouver des acheteurs blancs, Alexandra était l’un des rares endroits où les populations noires pouvaient être propriétaires de leurs maisons. Ce qui fait la fierté de ses habitants. Le pouvoir a tenté à de maintes reprises de se débarrasser de ce lieu en vain. Les autorités ont en effet tenté de déplacer des dizaines de milliers d’habitants vers d’autres townships sans succès.
Auparavant, la ville était un territoire rural de Johannesburg. Mais en 2001, l’Etat sud-africain a lancé un vaste plan de rénovation, construisant des milliers de logements, aménageant un parc à la place des bidonvilles. Les maisons d’origine sont maintenant submergées dans un océan de baraquements surpeuplés, où se sont agglomérés des masses de migrants. Reste que si la situation s’est améliorée, Alexandra est toujours un îlot de pauvreté, où les chèvres se nourrissent d’ordures remplies de rats.
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