Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS), fleuron de l’industrie extractive au Sénégal, a traversé une crise profonde, allant jusqu’à la cessation des activités. Mais en 2014, le groupe Indorama a repris les choses en main, avec un investissement de plusieurs millions de dollars. Et aujourd’hui, les clignotants sont en train de virer petit à petit au vert. D’ailleurs dans cet entretien, le Directeur général Alassane Diallo affirme que « l’image des ICS auprès des créanciers, des banques, est redevenue extrêmement solide ». Entretien
Aujourd’hui quelle est la situation des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) ?
Nous avons traversé une situation difficile et en août 2014, sur décision de M. le président de la République, le groupe Indorama a pris le contrôle des Industries Chimiques du Sénégal (ICS), avec un investissement de plusieurs centaines de millions de dollars dans les ICS, pour réhabiliter l’outil de production. En décembre 2017, le président de la République nous a fait l’honneur de venir inaugurer notre centrale électrique d’un coût de 40 millions de dollars. Elle a permis aux ICS d’être autonomes en matière d’électricité et même de vendre des excédents à la Sénélec. C’est là un exemple concret de ce que Indorama a apporté aux ICS. Aujourd’hui les installations sont dans un meilleur niveau technique. Il s’y ajoute que le groupe Indorama a pris en charge toutes les dettes des ICS dont certaines ont été rachetées donc soldées et d’autres payées sous forme de moratoires. Tous ces engagements ont été respectés et cela fait que l’image des ICS auprès des créanciers, auprès des banques est redevenue extrêmement solide.
Ce qui nous permet en conséquence d’avoir de meilleures productions. Et nous nous battons d’ailleurs pour que d’année en année, les productions des ICS augmentent. Et dans ce cas, nous serons en mesure de recruter plus de jeunes dans cette localité, de faire plus dans le domaine de la RSE et d’une manière générale de jouer notre rôle dans l’économie du pays. N’oublions pas que les ICS avaient été créées pour apporter des devises étrangères dans notre pays et également contribuer au développement d’un tissu de Petite et Moyennes Entreprises (PME) et de Petites et Moyennes Industries (PMI). Nous essayons toujours de jouer pleinement ce rôle. C’est ainsi que chaque année, les ICS passent commande, pour près de 50 milliards de Fcfa, à des entreprises sénégalaises. Aucune autre entreprise ne fait autant. Et ces 50 milliards de Fcfa, permettent à beaucoup d’entreprises et de sous-traitants sénégalais, de fonctionner.
Quel est le niveau de production ?
Nous avons, année après année, augmenter nos productions. En 2018, nous avons fait une production de 1,782 million de tonnes de phosphates. Et c’est la plus grosse production de phosphates des 15 dernières années. Nous avons également fait en 2018, 549.000 tonnes d’acide phosphorique, ce qui est également la plus grosse production de ces 15 dernières années dans ce domaine précis. Il s’y ajoute que nous sommes les seuls producteurs d’engrais de la sous-région
Quel impact concret pour les populations environnantes ?
Les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) sont l’entreprise pionnière en matière de responsabilité sociétale d’entreprise (RSE). Nous avons démarré la politique de RSE dans les années 70, à travers la Compagnie Sénégalaise des Phosphates de Taïba. Cette compagnie a construit à l’époque des écoles, des structures de santé, a commencé la distribution d’eau. Et aujourd’hui, les ICS constituent la seule entreprise, dans toute l’Afrique de l’Ouest à distribuer gratuitement de l’eau à des populations. Nous fournissons gratuitement et chaque jour, à 30.000 personnes. Et dans notre mine, nous autorisons les populations à mener des activités de maraîchage et nous mettons l’eau nécessaire à leur disposition. Cela s’inscrit dans le cadre d’un programme de lutte contre la pauvreté. Et ces cultures, qui se font dans notre mine, permettent aux paysans d’avoir des revenus très importants.
Nous avons également construit le lycée de Mboro, qui est un lycée d’excellence et il donne chaque année les meilleurs résultats dans les différents examens organisés par l’Etat. Il s’y ajoute notre participation à la construction d’infrastructures sociales de base, tels que les cases de santé, les postes de santé. La jeunesse n’est pas en reste, avec un accompagnement dans l’organisation d’activités culturelles et sportives. Il y a également la participation au transport scolaire et aujourd’hui, beaucoup d’élèves de la localité vont à l’école avec les bus des ICS. Donc nous sommes une entreprise citoyenne, mais nous avons toujours inscrit nos actions dans la plus grande discrétion car pour nous, il s’agit d’actions qui vont de soi. C’est parce que nous sommes dans cette localité depuis plus de 60 ans et nous avons toujours essayé de faire dans toute la mesure du possible, notre devoir à l’égard des populations qui nous entourent.
Evidemment les ICS ont connu des années de crise et pendant ce temps, les actions sociales qui avaient réduites, parce que les moyens nécessaires n’étaient plus disponibles. Aujourd’hui la décision des ICS et du groupe Indorama c’est d’avoir plus d’ambition en matière de RSE et de mener des actions beaucoup plus soutenues. C’est tout le sens de cette cérémonie de distribution de fournitures scolaires pour toutes les écoles de la localité, des médicaments pour les différentes structures de santé et des équipements sportifs pour les Associations Sportives et Culturelles (ASC). Donc nous voulons jouer notre rôle
Quelles stratégies allez-vous maintenant mettre en œuvre, pour améliorer davantage les rapports entre les populations riveraines et l’entreprise ?
Nous sommes une entreprise citoyenne et nous souhaitons que la relation avec toutes les franges de la population soit la plus transparente, la plus franche possible et nous lançons un appel au dialogue permanent. Les problèmes ne manqueront jamais, mais ils peuvent être pris en charge autour d’une table, plutôt que de s’accuser mutuellement. Nous invitons les uns et les autres à venir nous voir en cas de problème. En ce qui nous concerne, nous prendrons des initiatives pour aller voir les gens, les associations, les Imams, les Chefs de village, pour leur parler et leur expliquer ce que nous faisons. Nous souhaitons également et particulièrement que les jeunes qui sont dans les associations adoptent cette posture, plutôt que d’arborer des brassards rouges ou de bloquer des rues et parfois de nous accuser de choses que nous n’avons pas faites.
Je vous donne un seul exemple. Il y a eu un accident de camion, il y a quelques mois. Tous les réseaux sociaux ont rendu compte de cette affaire en disant que les camions des ICS ont tué un enfant au niveau du marché de Mboro. En réalité, les ICS étaient très loin d’être concernées par cet accident. Heureusement que nous avons une gendarmerie très professionnelle, qui a fait son travail et il est apparu que ledit camion faisait du transport pour une autre société et le propriétaire était même quelqu’un qui est loin de Mboro. Nous voulons que dans des cas analogues, les responsables de ces associations viennent nous voir, pour avoir l’information à la source.